Un inhibiteur du récepteur cannabinoïde de type 1
LE SYSTEME ENDOCANNABINOIDE joue physiologiquement un rôle important dans la régulation du poids, le métabolisme lipidique et la dépendance au tabac.
Une suractivation de ce système est ainsi associée à une prise alimentaire excessive, à une accumulation de graisses. Elle est également observée lors du tabagisme chronique.
Le rimonabant est le premier inhibiteur sélectif du récepteur cannabinoïde de type 1 (CB1) localisé dans le cerveau et dans certains tissus périphériques, notamment dans les adipocytes mis en jeu dans le métabolisme glucidique et lipidique.
En bloquant le récepteur CB1, le rimonabant normalise l'activité de ce système. Chez les sujets obèses ou en surpoids, il en résulte une perte de poids et une amélioration des facteurs de risque métaboliques (HDL cholestérol, triglycérides et insulinorésistance) ; chez les fumeurs, on observe une réduction de la dépendance au tabac.
L'étude RIO-Lipids.
L'étude RIO-Lipids est la première des quatre études de phase III du programme RIO destiné à évaluer la tolérance et l'efficacité du rimonabant sur la perte de poids et les facteurs de risque métabolique chez 6 600 obèses.
Présenté au congrès de l'American College of Cardiology, ce premier essai a porté sur 1 036 patients en surpoids ou obèses ayant tous un indice de masse corporelle compris entre 27 et 40 kg/m2 et une dyslipidémie (hypertriglycéridémie et/ou rapport cholestérol total/HDL cholestérol élevé).
Les patients ont été répartis par tirage au sort en trois groupes pour recevoir chaque jour pendant un an une dose fixe de rimonabant à 5 mg ou 20 mg ou un placebo. Tous ont été soumis à un régime hypocalorique.
Au terme de l'étude, les malades sous rimonabant à 20 mg/j ont perdu en moyenne 8,6 kg contre 2,3 kg chez les patients sous placebo (p < 0,001).
Près de 75 % des sujets traités par rimonabant à 20 mg/j ont perdu en un an plus de 5 % de leur poids contre 41,8 % des malades recevant le produit à 5 mg/j et 27,6 % des patients sous placebo (p = 0,002).
Outre la perte de poids, critère principal de l'étude, le tour de taille a été mesuré : avec le rimonabant à 20 mg/j, il a diminué de 9,1 cm par rapport à celui des sujets sous placebo (différence significative p < 0,001).
Par ailleurs, l'analyse des résultats montre également que les deux posologies de rimonabant à 5 mg/j et 20 mg/j ont amélioré le profil lipidique, le métabolisme glucidique et les autres caractéristiques du syndrome métabolique.
STRATUS (Studies with Rimonabant and Tabacco Use).
Tabagisme et surpoids sont deux facteurs de risque cardio-vasculaires majeurs très fréquemment associés.
Jusqu'à maintenant, aucun médicament ne permettait à lui seul d'agir à la fois sur la dépendance au tabac et la prise de poids secondaire à l'arrêt du tabagisme.
Le rimonabant apparaît comme un traitement prometteur, comme le montrent les résultats de l'étude Stratus menée aux Etats-Unis.
Cet essai multicentrique (onze centres répartis aux Etats-Unis), de phase III, contrôlé en double aveugle contre placebo, a été conduit pendant dix semaines.
Au total, 787 fumeurs (en moyenne 23 cigarettes par jour), motivés pour s'arrêter de fumer et qui avaient déjà fait au moins 4 tentatives infructueuses d'arrêt du tabagisme, ont été inclus dans l'étude.
Après randomisation, ils ont reçu soit un placebo, soit du rimonabant (5 mg/j ou 20 mg/j)
L'abstinence était contrôlée par des mesures de la concentration en monoxyde de carbone dans l'air expiré (= 10 ppm) et des dosages de cotinine plasmatique, principal métabolite de la nicotine (=8 microg/l).
Le critère principal était l'obtention d'une abstinence au terme des quatre dernières semaines de traitement, le critère secondaire, une modification du poids.
Parmi les sujets ayant poursuivi l'étude jusqu'à son terme, 36,2 % des sujets prenant le rimonabant à 20 mg/j sont devenus abstinents contre 20,6 % dans le groupe placebo et 20,2 % dans le groupe sous rimonabant à 5 mg/j.
En ce qui concerne le poids, une différence significative a été constatée entre les sujets prenant 20 mg/j de rimonabant et ceux prenant le placebo (- 0,3 kg contre + 1,1 kg, p < 0,01).
Dans cette étude, le rimonabant a été relativement bien toléré ; très peu de sujets ont dû arrêter le traitement pour des effets secondaires.
Le programme Stratus prévoit d'évaluer l'efficacité et la tolérance du rimonabant chez 6 500 fumeurs. Deux essais de phase III sont en cours de réalisation, l'un en Europe (Stratus Europe), l'autre dans le monde entier (Stratus Worldwide) ; leurs résultats devraient être connus à la fin de l'année 2004.
D'après les communications du Pr Jean-Pierre Després (Canada) et du Pr Robert Anthenelli (Etats-Unis)
L'obésité : une épidémie mondiale
En 2002, un milliard de sujets à travers le monde étaient en surpoids (BMI > 25 kg/m2) et 300 000 cliniquement obèses (BMI > 30 kg/m2).
Le surpoids et l'obésité augmentent le risque de survenue de maladies cardio-vasculaires et de diabète, le risque de mortalité cardio-vasculaire et de mortalité totale : l'obésité est responsable de 400 000 décès chaque année aux Etats-Unis.
Les bénéfices de l'arrêt du tabac
Le tabagisme est responsable de 442 398 décès par an aux Etats-Unis dont 156 761 dus au cancer, 146 805 aux pathologies cardio-vasculaires, 96 000 à des maladies respiratoires.
Les personnes qui cessent de fumer avant l'âge de 50 ans ont un risque deux fois moins élevé de mourir dans les quinze années suivantes que ceux qui continent à fumer.
Après un an d'abstinence tabagique, le risque de coronaropathie est réduit de 50 %.
Après dix ans d'abstinence tabagique, le risque de cancer du poumon est réduit de plus de 50 %.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature