A LA LECTURE de différents sondages d'opinion publiés en France en 2003, l'exposition au bruit apparaît comme un sujet de préoccupation important pour la population. Par ailleurs, une directive européenne (2002/49/CE) rend obligatoires, depuis cet été, la définition de plans d'action et la réalisation de cartes de bruit pour les grandes agglomérations et les principaux axes de transport. Poussés par cette double préoccupation, les ministères de la Santé et de l'Ecologie ont saisi l'Afsse afin qu'elle dresse un état des lieux des connaissances internationales en matière d'impacts sanitaires de l'exposition au bruit. Le second objectif de l'agence est d'évaluer les indicateurs bruit-santé « en vue d'identifier ceux qui paraissent les plus pertinents pour la mise en œuvre des politiques de lutte contre les nuisances sonores ».
Les impacts sanitaires de l'exposition au bruit sont divers. Concernant les effets auditifs, évalués actuellement par une audiométrie tonale liminaire sur la gamme des fréquences audibles, « il est difficile aujourd'hui de faire la part des pertes auditives strictement liées au bruit et peu de données épidémiologiques existent sur les surdités exclusivement liées au bruit », relève l'Afsse. Le problème est semblable pour les effets extra-auditifs, « difficiles à attribuer de façon indéniable et univoque au bruit en raison de l'existence de nombreux facteurs de confusion ». Ils sont appréciés soit par des mesures objectives (par exemple les mesures électrophysiologiques), soit par des mesures subjectives (qualité du sommeil). Les effets du bruit sur la santé mentale sont encore plus difficiles à évaluer. La consommation médicamenteuse est utilisée comme indicateur de corrélation entre exposition au bruit et santé mentale.
Effets subjectifs.
Le bruit, souligne l'Afsse, a également des effets subjectifs. Mais encore plus que pour les effets auditifs et extra-auditifs, « l'établissement des liens entre effets sanitaires subjectifs et niveaux d'exposition au bruit est très difficile ». Les réponses sont bien sûr individuelles, variant en fonction de prédispositions physiologiques et psychologiques individuelles. « Les relations entre bruit et troubles du comportement sont étudiés soit sur le terrain, soit par des travaux en laboratoire ». Mais, ajoute l'Afsse, « les mécanismes de ces phénomènes ne sont aujourd'hui pas élucidés ».
Autant dire que les « indicateurs de bruit-santé », établi sur l'état des lieux des connaissances sur les impacts sanitaire du bruit, sont fixés faute de mieux. Ainsi, les valeurs-limites « résultent des compromis qu'effectuent les autorités gouvernementales entre les objectifs de santé publique et le coût des mesures à prendre pour réduire les expositions », dit l'Afsse, avant de préciser que « leur existence légale ne signifie pas qu'elles sont respectées ».
Après la lecture d'un tel rapport, on n'ose attendre l'élaboration concrète et rapide de plans d'actions contre le bruit et on veut croire à la recherche épidémiologique.
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