L 'ASSEMBLEE nationale avait commandé, à l'origine, un rapport à l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques sur les dangers pour la santé liés à la présence de mercure dans les amalgames dentaires. Mais son rapporteur en a étendu les contours avec l'étude des effets des métaux lourds (mercure, plomb, cadmium) sur l'environnement et la santé. Beaucoup de thèmes y sont donc traités.
Les auteurs du rapport regrettent tout d'abord que la question de la nocivité éventuelle des amalgames dentaires « soit trop souvent considérée par un grand nombre de professionnels comme anecdotique ou fantaisiste ». Pour les auteurs, s'il n'existe pas de matériau de soin idéal (un « match nul amalgame-composite »), la pose d'un amalgame dentaire n'est pas toujours justifiée par des raisons médicales. Ainsi, certaines revues spécialisées n'hésitent pas à souligner que « lorsque le dentiste est pressé, il vaut mieux qu'il utilise l'amalgame ». Dans tous les cas, précisent les auteurs, qui insistent sur la nécessité de pratiquer des polissages, « il est totalement déconseillé de faire enlever ses anciens amalgames pour les substituer par des composites », dans la mesure où les risques de dégagement mercuriels sont maximaux au moment de la pose et de la dépose. Autre problème : la question des déchets d'amalgame, qui n'est pas négligeable si l'on considère les 100 tonnes de mercure renfermées par les bouches des Français.
Des populations à risque
Le rapport évoque ensuite les difficultés du recyclage des métaux lourds, difficiles à collecter « car il y a de moins en moins de métaux lourds dans les produits ». Des problèmes sont particulièrement relevés sur certaines filières : les batteries, les piles (récupération du cadmium) et les tubes fluorescents (récupération du mercure). Mais la principale question reste celle de la présence de métaux lourds dans les boues. « La poursuite de l'épandage impose, selon les auteurs, un renforcement des contrôles et la poursuite des recherches sur les transferts. »
Concernant les conséquences des métaux lourds sur la santé humaine, le rapport indique qu' « avant de proposer une nouvelle norme, l'Union européenne devrait s'assurer que les anciennes sont bien appliquées dans tous les pays de l'Union ». Pour les auteurs, la France « est au stade initial de la connaissance sur les métaux lourds, avec un panorama large et rassurant ». Mais l'attention doit être centrée sur les populations et sites à risque : estuaires, région PACA et surtout DOM-TOM. « La surimprégnation des populations dans les DOM-TOM (entre + 15 % et + 50 % selon les métaux) est liée à l'absence de politique de gestion des déchets, expliquent les auteurs. L'action ciblée sur quelques groupes à risque sera toujours plus efficace et moins coûteuse que l'approche globale par les normes. » Pour exemple, les auteurs chiffrent entre 4,6 et 9,3 milliards de francs les travaux de réhabilitation des logements à risque en Ile-de-France pour supprimer les vieilles peintures au plomb. Soit 24 à 46 milliards pour la France entière. « Un chiffre à comparer aux 70 milliards annoncés pour la suppression des canalisations en plomb, pour une efficacité incertaine », estiment-ils.
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