Depuis 1994, les centres hospitaliers de Tourcoing (Nord) et Mouscron (Belgique) coopèrent régulièrement dans le cadre du programme européen Interreg II.
Disposant d'un service de dialyse performant, l'hôpital belge accueille une vingtaine de patients français qui viennent trois fois par semaine suivre une dialyse outre-Quiévrain. En contrepartie, le centre hospitalier de Tourcoing met à la disposition des malades belges son service de maladies infectieuses particulièrement en pointe dans la région, ce qui leur évite de se rendre dans les centres d'Anvers ou de Bruxelles, beaucoup plus éloignés.
Une convention passée entre les caisses d'assurance-maladie belge et française prévoit la réciprocité de prise en charge pour les malades habitant de part et d'autre de la frontière.
Aujourd'hui, les responsables des deux établissements souhaitent passer à la vitesse supérieure et développer des partenariats dans de nouvelles spécialités.
Le dossier le plus avancé est celui de l'urologie. Depuis quelque temps déjà, un chirurgien urologue belge vient assurer deux fois par semaine une vacation au centre hospitalier de Tourcoing : une pour les consultations, une autre pour les interventions. Afin de répondre à une demande croissante des patients, les directeurs des deux centres prévoient la création d'un poste d'urologue au centre de Tourcoing, qui serait partagé entre les deux institutions. Dans ce cadre, les patients français seraient envoyés à Mouscron, où l'hôpital dispose d'un lithotriteur.
Autre partenariat envisagé : la mise en commun d'une IRM (existant déjà à Tourcoing) et d'un appareil de scintigraphie (à Mouscron). Les deux établissements vont réserver des plages horaires spécifiques pour accueillir les patients des zones frontalières, favorisant ainsi les soins de proximité. Jusqu'ici, Tournai - à 25 kilomètres de Mouscron - était l'hôpital le plus proche pour passer une IRM. Désormais, les patients auront juste quelques centaines de mètres à parcourir pour se rendre à Tourcoing.
Cette coopération transfrontalière suppose une circulation des praticiens hospitaliers de part et d'autre de la frontière et donc une double inscription aux instances ordinales, ce qui ne va pas sans poser un problème financier. Pour aplanir cette difficulté, les responsables des Ordres français et belge ont décidé d'appliquer une minoration d'au moins 50 % pour la seconde inscription. « Nous avons tout intérêt à développer de telles coopérations, plutôt que travailler chacun de notre côté, souligne le Dr Michel Ducloux, président du Conseil départemental de l'Ordre des médecins du Nord. C'est un aspect positif de l'Europe qu'il faut encourager, dans l'intérêt des malades ».
Restent les lenteurs administratives. Si les directeurs hospitaliers et les médecins sont tous très favorables à cette coopération, ils doivent composer avec l'inertie de l'assurance-maladie. « Le dossier semblait bien engagé pour un démarrage en début d'année. Mais le service médical local de Tourcoing souhaite maintenant que chaque patient obtienne au préalable l'accord du médecin conseil », déplore René Delvaux directeur du centre hospitalier de Mouscron, qui soutient avec ardeur le projet.
A quand une carte Vitale internationale ?
A terme, les promoteurs de la coopération transfrontalière dans les secteurs de Tourcoing et Mouscron souhaitent que les patients transfrontaliers puissent utiliser indifféremment la carte Vitale ou son équivalent belge, la carte SIS dans les structures de soins des deux pays.
Ce système, baptisé Transcards, est expérimenté depuis mai 2000 sur la zone de la Thiérache belge et française (du ressort des CPAM de Saint-Quentin et Maubeuge du côté français). Les patients de cette zone tranfrontalière peuvent consulter dans six hôpitaux français et belges en présentant leur carte respective ; ces établissements sont équipés de doubles lecteurs et des logiciels informatiques nécessaires. Les utilisateurs de Transcards apprécient particulièrement la proximité géographique des établissements de soins et la rapidité de prise en charge.Des arguments qui intéressent au premier chef les acteurs de santé de Tourcoing-Mouscron. « Mais la configuration n'est pas du tout la même : en Thiérache, il s'agissait de désenclaver une région rurale dont l'offre de soins est limitée. A Tourcoing au contraire, il s'agit d'une zone urbaine très dense, couvrant toute la population d'une caisse primaire, et susceptible de provoquer des flux (de patients transfrontaliers ) beaucoup plus importants », explique Jacques Darcy, gérant de l'Observatoire franco-belge de la santé.
La caisse régionale Nord-Picardie, favorable au projet, a donné son aval. La balle est maintenant dans le camp de la CNAM qui étudie le dossier. A Tourcoing comme à Mouscron, on espère bien qu'une décision sera prise d'ici à février 2002, pour la signature de plan interreg 3.
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