Pallier la désertification médicale : tel est un des principaux objectifs du système de télémédecine mis en place par le Conseil général des Alpes-Maritimes. « Nous avons installé, dès 2004 un réseau satellitaire dans le haut et le moyen pays. Sur les 1 800 généralistes du département, seule une petite quarantaine est installée dans cette région isolée. Certes 95 % des habitants sont regroupés sur le littoral, mais il ne faut pas oublier un afflux de vacanciers l’été ou pendant les sports d’hiver, sans compter les nombreuses résidences secondaires » explique Fabien Josseran, médecin et sous-directeur de la Santé au Conseil Général. Outre une aide à l’installation, ces médecins isolés peuvent, depuis 2008, compter sur la nouvelle « e-valise » mobile qui comporte un certain nombre appareils : tensiomètre, électrocardiogramme 12 dérivations, oxymètre de pouls, et, au choix, caméra haute définition pour des photos (pour montrer des clichés à distance à un dermatologue), spiromètre ou mini-laboratoire pour calculer, par exemple, la glycémie. Cette valise, équipée d’une clé 3G, permet d’envoyer par serveur sécurisé des données à des spécialistes, situés parfois à deux heures de route. Le généraliste peut parallèlement prévenir par téléphone le spécialiste et lui expliquer la situation du patient.
Des satellites pour annihiler les distances
« Actuellement, 11 e-valises sont en service, complétées par un dispositif de satellites. Dès 2006, il comptait une dizaine de stations. Les maisons de santé rurales, les sept hôpitaux locaux, les Ehpad, les centres spécialisés sont ainsi reliés au CHU de Nice » précise Fabien Josseran. Contrairement aux e valises qui fonctionnent par 3G et qui ne sont pas toujours adaptées aux téléconsultations, les satellites fixes ont permis le développement de rendez-vous à trois : patient, spécialiste et médecin. « Cette pratique, ajoute Fabien Josseran, s’est répandue pour les évaluations de mémoire pour les patients atteints d’Alzheimer ou dans certaines pathologies psychiatriques. Elle devrait être élargie à d’autres pathologies. Cela permet aux patients de rester dans leur environnement et d’éviter des déplacements souvent lourds et compliqués. Par exemple, pour la maison d’accueil spécialisée de La Brigue, située à une heure et demie de route, envoyer un polyhandicapé à l’hôpital de Nice nécessite une ambulance et deux accompagnateurs ». Il ne s’agit certes pas d’une solution « miracle ». « Ce système ne peut pas remplacer toutes les consultations. En revanche, il est possible d’intercaler un suivi à distance avec une ou deux téléconsultations. Ces réseaux, à condition d’être sécurisés, sont également utiles pour la transmission de données médicalisées. C’est une révolution culturelle qui devrait se développer avec la future génération de médecins » estime ce responsable du Conseil général.
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