La Caisse nationale d'assurance-maladie (CNAM) a présenté la semaine dernière la quatrième édition de son ouvrage « Faits marquants », dont l'objectif est de faire le point sur le fonctionnement, et surtout les dysfonctionnements du système de santé.
« Je tiens à préciser d'entrée de jeu, a déclaré Jean-Marie Spaeth, président de la CNAM, que notre volonté n'est nullement d'alimenter la polémique avec le corps médical ou d'alarmer l'opinion publique sur la qualité de leurs praticiens. (...) Mais lorsqu'il est évident, pour la prise en charge de certaines pathologies, et non des moindres, que la pratique courante s'écarte sensiblement des référentiels et des recommandations de bonne pratique édictées par les sociétés savantes ou la communauté scientifique, on tient bien le symptôme d'un dysfonctionnement. » Et des dysfonctionnements, « Faits marquants » en pointe un certain nombre, qu'il s'agisse de réalisations d'actes inutiles, de prescriptions ou de modes de prise en charge inadaptés, de non-réalisation de gestes simples de prévention ou encore de défauts de coordination entre professionnels.
L'ouvrage comporte deux parties : une évaluation des actions menées à la suite des précédentes éditions de l'ouvrage, puis les études de l'année.
Dans ses chapitres « bilan », il revient par exemple sur le dossier de l'infarctus : l'an dernier, la CNAM avait notamment montré qu'en région Centre, seulement 56 % des victimes d'infarctus étaient prises en charge en moins de 6 heures ; il apparaît que, depuis, des conventions interétablissements ont été formalisées, aboutissant à la mise en place d'un réseau cardiologique régional s'appuyant sur un ensemble de cardiologues. Le délai de prise en charge est passé de 6 à 4 heures.
Autre exemple : la CNAM avait, en 2002, étudié un échantillon de 274 coloscopies dans les Côtes-d'Armor et constaté que, dans 26 % des cas, les indications retrouvées ne répondaient pas aux recommandations de la Société nationale française de gastro-entérologie (SNFGE). La caisse explique que les résultats de cette étude ont été diffusés à l'ensemble des professionnels concernés, si bien que les nouvelles statistiques montrent que seulement 7 % des indications ne répondent pas, aujourd'hui, aux recommandations de la SNFGE.
Les études effectuées au cours de l'année concernent le cancer du sein, la chimiothérapie, la prescription d'antiulcéreux ou la stimulation cardiaque. Pour la chimiothérapie, par exemple, les enquêtes réalisées dans le Limousin, en région PACA, en Corse et en Languedoc-Roussillon, concluent à l'insuffisant développement de la prise en charge multidisciplinaire - seuls les dossiers d'un patient sur deux atteint d'un cancer du côlon et du poumon ont fait l'objet d'une telle prise en charge. De plus, les stratégies thérapeutiques varient d'un établissement à l'autre. Enfin, les prescriptions sont imparfaitement conformes aux référentiels réglementaires, si bien qu'une ordonnance sur trois est jugée imprécise par les praticiens conseils. S'agissant des services de soins infirmiers à domicile, un tiers des actes infirmiers prescrits par le médecin ne sont pas réalisés, tandis que, chez 28 % des patients, les familles participent aux soins d'hygiène, soins qui constituent la principale prise en charge des patients à domicile. Enfin, pour la stimulation cardiaque, une étude effectuée en Alsace a mis en évidence que les conditions d'implantation de stimulateurs ne sont satisfaisantes que dans moins d'un cas sur deux.
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