EN PORTANT le numerus clausus de 7 100 en 2007 à 7 300 en 2008, le gouvernement entend limiter la crise démographique que s'apprête à traverser la France dans les prochaines années. Selon un responsable ministériel, les pouvoirs publics envisagent même d'accentuer cette hausse en autorisant 8 000 étudiants à passer en PCEM2 à l'horizon 2010. Cet objectif répond aux recommandations du Pr Yvon Berland dans ses précédents rapports sur la démographie médicale. Il satisfait également aux demandes récurrentes de l'Ordre des médecins ces dernières années (voir encadré). Les doyens sont favorables à ce passage à 8 000 dans un délai un peu plus long «de trois à quatre ans pour pouvoir se préparer». «Un numerus clausus à 7300 pour 2008, c'est bien, confie le Pr Christian Thuillez, président de la Conférence des doyens. C'est le maximum que nous pouvions accepter en un an. Dans leur immense majorité (80 %) , les doyens ont dit qu'ils pourraient absorber cette hausse sur quatre ans.» Comme c'est le cas depuis quelques années, cette hausse du numerus clausus va prioritairement profiter aux facultés du nord, nord-est et nord-ouest de la France. Le nombre d'étudiants admis en 2e année devrait rester le même qu'en 2007 dans les facultés parisiennes et du sud du pays.
Pour faire face à cet afflux d'étudiants, les doyens se préparent. «Nous essayons de diversifier les terrains de stage qui commencent cruellement à manquer dans certaines spécialités», confie le Pr Thuillez. Les stages pourraient ainsi être davantage ouverts dans des centres hospitaliers généraux «à condition qu'ils répondent à des critères d'agrément très stricts».
Les doyens réfléchissent également à la réorganisation des stages à temps plein pendant le 2e cycle – actuellement assurés le matin uniquement. «Un même service pourrait ainsi accueillir plus d'étudiants si le stage dure moins longtemps», explique le Pr Thuillez. «La hausse du numerus clausus est nécessaire pour augmenter le nombre de médecins formés, mais on ne fera pas l'économie d'une réforme de l'exercice car, sur 100médecins généralistes formés, seulement 30 exercent réellement la médecine générale», poursuit le doyen de Rouen. La réforme de la prise en charge des patients sera au coeur des états généraux de l'organisation des soins (EGOS). A l'occasion de ce rendez-vous, les doyens vont plaider pour l'interrégionalisation des épreuves classantes nationales (ECN). «Il est indispensable que les étudiants puissent choisir un poste d'internat ou de chef de clinique dans son interrégion, explique le Pr Thuillez. Cela n'aurait aucun sens d'augmenter le numerus clausus si ces étudiants doivent ensuite quitter leur région d'origine pour se former.»
Erratum
Une confusion dans les chiffres nous a conduits à publier dans notre édition du 14 janvier un taux de progression erroné pour le numerus clausus. En 2008, la progession du nombre d'étudiants admis à poursuivre leurs études au-delà du PCEM1 sera de 2,8 %, les effectifs passant de 7 100 à 7 300.
En revanche, le numerus clausus devrait bien augmenter de plus de 10 % à l'horizon 2010.
Les souhaits de l'Ordre
L'Ordre des médecins est satisfait de l'augmentation du numerus clausus à 7 300 en 2008. Le Dr André Deseur, vice-président de la section exercice professionnel, indique que «l'augmentation du numerus clausus est un des éléments qui peuvent permettre dans un délai de dix ans de pallier les difficultés démographiques, même si, reconnaît-il, on ne sait pas parfaitement combien de médecins s'installeront finalement». L'Ordre des médecins réclame en parallèle une meilleure orientation vers les disciplines cliniques. «Tant qu'on laissera un nombre de postes d'internat à pourvoir supérieur au nombre d'étudiants, on se détournera de la médecine générale et d'autres disciplines dont le nombre de postes n'est pas assez grand, comme la pédiatrie ou la gynécologie-obstétrique.» La question d'une «obligation de service», période pendant laquelle les nouveaux diplômés devraient exercer dans une zone fixée, à l'instar des professeurs des écoles, est dans l'air du temps. «C'est un élément auquel l'Ordre des médecins ne réagirait pas de manière péjorative», souligne le Dr Deseur.
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