Médecins du Monde (MDM) part aux quatre coins de la terre, pour soutenir les populations des pays ravagés par la guerre, la pauvreté... Mais Médecins du Monde agit aussi chez nous. C'est le cruel paradoxe de notre pays riche : pour des millions de personnes, l'accès aux soins est difficile. Et plus on est pauvre, plus on est malade. Médecins du Monde, jugeant inacceptable une telle situation d'inégalité en plein cœur de l'Europe, lance un appel pour l'accès aux soins pour tous.
MDM déverse toute sa révolte, vécue au quotidien, à travers les pages d'une brochure exposant ses douze propositions.
L'association revendique avant tout la pratique d'une médecine de proximité. Il lui semble indispensable de mettre en place des structures accessibles à toute personne en difficulté. L'objectif de ces centres est d'aller au devant des personnes marginalisées, de leur proposer une écoute, un accueil, une prévention et bien sûr des soins adaptés. En effet, ces personnes en difficulté accentuent souvent leur exclusion en refusant tout contact avec ces lieux de soins.
Médecins du Monde réclame ensuite une couverture maladie « effectivement universelle et européenne ». En 2001, plus de huit patients sur dix vus dans les centres de MDM n'ont eu aucun droit ouvert à la protection sociale. L'association exige par ailleurs la généralisation des PASS (Permanences d'accès aux soins de santé). Elle déplore en effet l'application modérée de la loi contre les exclusions qui instaurait ces PASS au sein des hôpitaux.
Un paradoxe inacceptable
Médecins du Monde va au-delà de sa mission purement médicale. Fort de son expérience sur le terrain, elle est pleinement consciente du lien entre logement et santé. Elle milite pour un droit au logement. L'absence d'un logis décent entraîne forcément des carences d'ordre hygiénique et rend les personnes encore plus vulnérables. « Nous vivons en France un paradoxe inacceptable : nous vantons la performance de notre système de santé et pourtant des millions de personnes vivent dans une extrême précarité et leur accès aux soins est des plus difficiles », insiste le Dr Claude Moncorgé, président de l'association.
L'organisation non gouvernementale affiche clairement sa position concernant le traitement des drogues. En se plaçant du côté des partisans de la dépénalisation - de l'usage simple et privé de toutes les drogues, elle réclame « une inscription citoyenne des usagers de drogues dans une politique de réduction des risques ». Elle insiste sur la santé des jeunes en mettant l'accent sur l'éradication du saturnisme infantile. Elle demande enfin la prise en compte des prostituées victimes de trafic.
Autre proposition : une prise en charge réelle de la souffrance psychique des personnes en situation d'exclusion. Cette souffrance concerne 10 % des consultations assurées par l'association et constitue le diagnostic secondaire le plus fréquemment posé.
MDM entend aussi lutter contre les discriminations subies par les « travellers », Roms tsiganes et gens du voyage. Elle se déclare pour un accueil des demandeurs d'asile en France et pour la régularisation des sans-papiers résidant en France.
Une urne pour les sans-droits
Médecins du Monde en France, c'est 24 centres d'accueil, de soins et d'orientation, 18 programmes de réduction des risques. En 2001, 25 758 personnes ont été accueillies. 42 815 consultations médicales et plus de 5 000 consultations dentaires ont été réalisées.
« Il est fondamental de remettre les populations en complète précarité dans le débat des échéances électorales à venir. Nous souhaitons que notre message soit non seulement entendu, mais qu'il soit suivi d'une sorte d'engagement de nos responsables politiques de façon à ce que des droits aussi fondamentaux que le droit au logement, à la santé ou à la subsistance soient respectés », insiste MDM.
La publication de cette liste de propositions est relayée dans les 18 délégations régionales de Médecins du Monde à travers un événement symbolique : chacun des patients est invité à déposer son nom dans une urne. « Médecins du Monde se fera le relais de cette réalité à eux, de ces obstacles incommensurables pour obtenir des soins », explique Claude Moncorgé.
Avant de conclure : « On ne peut pas rêver d'un monde égal... mais que les inégalités ne touchent pas les droits fondamentaux ! »
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