« Annoncer la construction de cinq hôpitaux dans la Communauté de Madrid a de quoi étonner, si on pense que la construction d'un hôpital dure de quatre à cinq ans dans le meilleur des cas. » Le Dr José Luis Rodriguez Agullo, président de la commission espagnole de l'appareil digestif, commente ainsi les promesses faites pendant la campagne électorale par Esperanza Aguirre, élue le 26 octobre dernier présidente de la Communauté de Madrid.
En Espagne, où les communautés (régions) sont compétentes en matière de politique de santé, les hôpitaux, dont les services d'urgences sont habituellement très sollicités, surtout pendant la nuit, abritent généralement les consultations des spécialistes, où les malades sont envoyés par leurs généralistes. Le nombre de lits disponibles est par ailleurs traditionnellement peu élevé dans le pays : 3,6 pour 1 000 habitants en 2000, contre 4,8 en France, selon les derniers chiffres de l'OCDE.
Pourtant, la construction annoncée de plusieurs hôpitaux dans la région en quelques années semble surprendre les médecins. Dans la région de Madrid, la dernière ouverture d'un nouvel hôpital remonte au début des années 1990 ; une nouvelle maternité doit cependant ouvrir de façon imminente dans le centre de la capitale, et un hôpital ouvrira ses portes en janvier ou février 2004 dans le sud de la région, à Fuenlabrada.
Au manque de lits, caractéristique de la situation sanitaire espagnole, s'ajoute la mauvaise répartition des hôpitaux existant actuellement à Madrid. « Il n'y a pas eu de planification sérieuse dans ce domaine », poursuit le Dr Rodriguez Agullo.
Le Dr Ramon Casteleiro Gonzalez, chirurgien orthopédique à l'hôpital Gregorio Marañon de la capitale espagnole, insiste pour sa part sur le coût de construction des nouveaux hôpitaux promis par Esperanza Aguirre : « Cela vaut-il la peine de s'engager dans de tels projets avant d'avoir exploré les solutions alternatives, comme l'hospitalisation à domicile ou la multiplication des hôpitaux sociosanitaires, plus légers que les hôpitaux traditionnels ? Beaucoup de lits hospitaliers dans la région sont, par exemple, occupés par des personnes âgées dont l'état ne justifie plus l'hospitalisation, mais dont la situation personnelle ou familiale ne permet pas le retour à domicile. »
Enfin, la discussion est soutenue par l'actualité : l'hôpital universitaire San Carlos de la capitale espagnole a décidé officiellement, le 12 novembre, d'ajouter un lit dans les 30 salles où c'était possible et de libérer d'autres lits en remettant à plus tard les interventions chirurgicales programmées « pour faire face à une augmentation des admissions de 20 % dans les dernières semaines ».
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