Alors que les études populationnelles renforcent les suspicions pesant sur de nombreux polluants, plusieurs travaux relancent le débat sur les doses journalières acceptables (DAJ) en théorie sans effet sur l'homme, et éclairent d'un jour nouveau les mécanismes d'action, multiples, des polluants. Pour les perturbateurs endocriniens, par exemple, plusieurs études pointent des toxicités s'exprimant pour des doses bien inférieures à celles réputées toxiques. Un premier travail étudiant l'impact d'une DAJ de bisphénol A sur la souris met en évidence un effet sur le comportement sexuel. Selon un autre premier travail, un mélange de polluants alimentaires (digoxine, PCB153,DEHP, BPA) administré aux DAJ dans un contexte obésogène majore l'intolérance au glucose de souris femelles, vraisemblablement via une réduction de la protection exercée par les œstrogènes au niveau hépatique.
Polluants alimentaires et obésité
Ce qui pose la question non seulement des DAJ mais aussi de la participation des polluants alimentaires à l'épidémie d'obésité... À ce titre l'étude rétrospective de la cohorte mère-enfant EDEN apporte un début de réponse. « C'est l'une des premières études sur l'impact potentiel de l'exposition intra-utérine aux parabènes et au triclosan sur le petit garçon, explique Rémy Slama (institut Albert-Bonniot, Grenoble). Ses résultats, après auscultation de la croissance fœtale (écho) et de l'évolution pondérale de la naissance jusqu'à 3 ans, suggèrent que les parabènes tendent à majorer le poids de naissance des garçons voire son évolution post-natale. »
Le méthyle-parabène est, en effet, associé à une majoration de la prise de poids entre 2 et 3 ans. Si cet effet sur l'évolution pondérale se confirmait, il faut craindre un impact en terme d'obésité. « La prise de poids entre
2 et 3 ans est en effet associée à un sur-risque d'obésité chez l'enfant et l'adolescent », rappelle Rémy Slama. Une cohorte prospective, lancée à Grenoble, pourrait permettre d'y voir plus clair.
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