«NOTRE OBJECTIF est d'informer, et non pas de recruter», prévient en préambule Dominique Dautricourt, chargée de la communication à l'Agence de la biomédecine. Encadré par la loi de bioéthique, le don d'ovocytes est régi, comme tous les dons du corps humain, par les trois grands principes français que sont l'anonymat du don, la gratuité et le volontariat. Il s'adresse à des couples qui doivent recourir à une assistance médicale à la procréation (AMP), soit pour remédier à une infertilité médicalement diagnostiquée, soit pour éviter la transmission d'une maladie génétique grave.
Mais «redonner l'espoir de devenir parents», comme le dit la brochure d'information (diffusée à tous les centres d'AMP, à tous les gynécologues et à toutes les maternités), n'est pas un parcours sans contrainte pour la donneuse*. Tout d'abord, il faut répondre à des critères objectifs : avoir eu au moins un enfant, «pour éviter tout risque de réalisation d'un désir d'enfant non explicite au travers du don», avoir moins de 37 ans et être en bonne santé. Le critère subjectif est le plus important : être motivée, face à des équipes médicales qui ne le sont pas toujours autant, reconnaît le Pr Dominique Le Lannou, chef du CECOS (Centre d'étude et de conservation des oeufs et du sperme humains) au CHU de Rennes. «Les équipes doivent se rendre aussi disponibles que possible pour favoriser l'accueil de la donneuse.» D'autant que le dédommagement des frais, prévu par la loi (déplacement, compensation du salaire, hébergement), n'est pas forcément «facile à obtenir», convient encore le Pr Le Lannou. Certains pays, comme l'Espagne, proposent même de compenser financièrement la pénibilité du processus du don. «Je ne pense pas que la motivation financière doit être à l'origine du don d'ovocytes», répond le spécialiste.
D'un point de vue médical, le don d'ovocytes est bien plus contraignant que le don de spermatozoïdes (lesquels auront également droit, d'ici à la fin de l'année, à une campagne d'information). Après un bilan préalable de son état de santé et un entretien psychologique, la donneuse doit se soumettre à un traitement de stimulation hormonale durant huit à dix jours. Un traitement surveillé au peigne fin pour éviter l'écueil de l'hyperstimulation. La ponction des ovocytes est ensuite réalisée par voie vaginale sous analgésie ou anesthésie générale ou locale, en hospitalisation de jour.
On comprend pourquoi, comme l'indique le Pr Le Lannou, «l'accompagnement de la donneuse est primordial», que le don ait réussi ou pas : les échecs de stimulation ovarienne sont aussi possibles. Dans certains cas, des effets secondaires peuvent suivre la stimulation ou le prélèvement. D'autres complications peuvent être liées au geste chirurgical de prélèvement, mais elles sont rarissimes. Toutefois, à long terme, les données disponibles permettent d'affirmer que les traitements liés au don «n'ont pas de conséquences. Ils ne diminuent pas les chances de grossesse ultérieure et n'avancent pas l'âge de la ménopause», précise la brochure. Si l'Agence de la biomédecine comme les professionnels de santé se bornent à informer, le recrutement à proprement parlé des donneuses est laissé aux bons soins des couples receveurs. Car il faut savoir que le délai moyen d'attente pour bénéficier d'un don d'ovocytes varie de six à soixante mois, en fonction du nombre de donneuses qui se sont présentées dans le centre (26 centres AMP en France). «Venir avec une donneuse n'est pas une condition obligatoire. Mais cela intervient dans le fonctionnement global du centre: on ne peut pas donner ce que l'on n'a pas», conlut le Pr Le Lannou.
* Informations sur www.dondovocytes.fr et No Vert : 0.800.541.541.
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