Hypertension après 80 ans

Les données uniques de l'étude HYVET

Publié le 27/05/2008
Article réservé aux abonnés
1276169140F_Img327003.jpg

1276169140F_Img327003.jpg

AUJOURD'HUI, la proportion des personnes âgées de plus de 60 ans s'accroît plus vite que tous les autres groupes d'âge. En France, l'INSEE estime que les plus de 75 ans représentent actuellement 8 % de la population mais qu'ils seront près de 17 % en 2050.

Or, dans cette tranche d'âge, les pathologies cardio-vasculaires sont particulièrement fréquentes. On sait, par exemple, que 75 % des victimes d'accident vasculaire cérébral ont plus de 75 ans et que les deux tiers des insuffisants cardiaques sont âgés de plus de 70 ans. Quant à la pression artérielle, elle augmente aussi avec l'âge : à partir de 80 ans, la prévalence de l'hypertension artérielle concerne environ 70 % des sujets. Mais si l'HTA était en 2000 considérée comme le premier facteur de risque de mortalité dans le monde, les bénéfices d'un traitement antihypertenseur chez les personnes très âgées étaient jusqu'à ce jour débattus, notamment concernant leur impact sur la mortalité cardio-vasculaire. Il faut dire que les quelques études contrôlées effectuées dans ce domaine concernaient de petits échantillons de patients ou avaient tout simplement exclu, dans leur protocole, les sujets de plus de 80 ans. Une analyse de cohorte rétrospective, menée récemment dans une population d'hypertendus très âgés ayant reçu un traitement antihypertenseur (1), a même rapporté un moindre taux de survie lorsque le chiffre de pression artérielle systolique passait en-dessous de la barre des 140 mmHg, tout comme l'avait déjà suggéré une métaanalyse (2) : si le risque d'accident vasculaire cérébral était abaissé de plus d'un tiers chez les hypertendus âgés traités, une augmentation de la mortalité était en même temps constatée.

Un contexte d'incertitude.

C'est dans ce contexte d'incertitude quant à l'utilité d'entreprendre un traitement antihypertenseur chez les personnes de grand âge, que l'étude HYVET (Hypertension in the Very Elderly Trial) a été lancée.

Il s'agit de fait du plus vaste essai clinique conçu pour évaluer les effets de la baisse tensionnelle chez des hypertendus âgés d'au moins 80 ans. En 2001, 3 845 sujets, âgés en moyenne de 83 ans et 7 mois, ayant une pression artérielle systolique comprise entre 160 et 199 mmHg, ont été tirés au sort pour recevoir, en double aveugle, soit un placebo, soit de l'indapamide 1,5 mg LP auquel il était possible d'ajouter, si nécessaire, du périndopril (2 ou 4 mg), de façon à atteindre un objectif tensionnel de 150/80 mmHg.

Après deux ans de suivi, la réduction de la pression artérielle était de – 29,5 mmHg pour la systolique et de – 12,9 mmHg pour la diastolique dans le groupe recevant le traitement actif. Mais, donnée tout à fait nouvelle et inattendue, une réduction importante et significative de la mortalité totale a aussi été mise en évidence chez les sujets sous antihypertenseur, ce qui a conduit le comité d'éthique à décider l'arrêt prématuré de l'étude en juillet dernier.

Les résultats de l'étude HYVET, publiés récemment dans le « New England Journal of Medicine » (3) et présentés au dernier congrès de l'American College of Cardiology, montrent en effet que l'administration d'indapamide 1,5 mg LP (± périndopril), chez des sujets hypertendus âgés de 80 ans ou plus, sont associés à une diminution de la mortalité totale de 21 % (p = 0,02), de la mortalité par accident vasculaire cérébral de 39 % (p = 0,05), des événements cardio-vasculaires de 34 % (p < 0,001) et des insuffisances cardiaques fatales ou non de 64 % (p < 0,001).

Vivre plus longtemps avec une meilleure qualité de vie.

Une extension de l'étude est en cours pour évaluer les bénéfices à long terme de ce traitement, mais, aujourd'hui, comme le souligne le Pr Françoise Forette, coordinatrice nationale de l'étude, «ces résultats montrent clairement que les hypertendus âgés de 80ans et plus tirent un réel bénéfice de ce traitement à base d'indapamide 1,5mgLP en première intention. Il permet à cette population de vivre plus longtemps et avec une meilleure qualité de vie, ce qui est une excellente nouvelle».

D'après la communication des coordinateurs nationaux de l'étude HYVET, le Pr Françoise Forette et Pr Olivier Hanon, et du Pr Faiez Zannad après la publication de l'étude HYVET dans le « New England Journal of Medicine » et sa présentation au congrès de l'ACC .
(1) Oates DJ et coll. « J Am Geriatr » Soc 2007 ; 55 : 383-388.
(2) Gueyffier F et coll. « Lancet » 1999 ; 353 : 793-796.
(3) Beckette NS et coll. « N Engl J Med » 2008 ; 358.
* Principe actif de Fludex LP.

&gt; Dr PIERRE CONSTANT

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8379