LES POUVOIRS PUBLICS encouragent la création des maisons ou des pôles de santé pluridisciplinaires afin de pallier la pénurie des professionnels de santé dans les zones sous médicalisées. Les centres de santé sont beaucoup moins sous les feux des projecteurs. Et pourtant, ces 1 500 organismes à but non lucratif gérés par des associations, des mutuelles, des congrégations ou des communes revendiquent une place mieux reconnue dans le paysage sanitaire. Les centres de santé rassemblent 14 000 professionnels de santé dont 4 000 à plein-temps. Environ 1,5 % des médecins français y exercent. Ces centres assurent des activités de soins sans hébergement et participent à des actions de santé publique, de prévention et d’éducation pour la santé.
Ces acteurs discrets du système de santé ne veulent pas être oubliés. Le Dr Michel Limousin l’a affirmé à l’occasion de la sortie d’un ouvrage collectif baptisé « Les centres de santé en mouvement » (1). Dans cet opus, 29 acteurs des centres de santé ont pris la parole pour rappeler l’histoire de ces structures, présenter leurs spécificités et leur rôle dans le paysage sanitaire. « Le centre de santé permet de promouvoir un système de santé ambulatoire de qualité, avec un plateau technique, des spécialistes : médecins, kinésithérapeutes, infirmières, chirurgiens dentistes… », indique le Dr Limousin, qui préside la Fédération nationale de formation continue et d’évaluation des pratiques professionnelles des centres de santé. « Le centre de santé est porteur d’avenir et riche d’expérience à un moment où se posent des questions d’accès aux soins de proximité et alors que les jeunes aspirent à travailler selon d’autres schémas que la médecine libérale, poursuit-il. Il favorise le travail en équipe, la coopération, la promotion de la santé (diététique, vaccinations…). Les maisons de santé ont un intérêt mais les centres de santé sont là depuis longtemps, ont des résultats et sont aussi porteurs d’avenir. »« Les créateurs des centres de santé ont été visionnaires en se demandant comment faire exercer ensemble les professionnels de santé », déclare pour sa part le Dr Éric May, président de l’Union syndicale des médecins de centres de santé (USMCS). Les centres de santé seraient une réponse adaptée pour une offre de soins de proximité pour tous dans le cadre de leur implantation dans un maillage sanitaire et de service public du territoire. » Lieu de formation des internes, les centres de santé sont des structures de proximité dispensant principalement des soins de premier recours et au sein desquelles le tiers-payant permet l’accès aux soins à tous.
Une récente étude, Epidaure, menée avec l’Institut de recherche et documentation en économie de la santé (IRDES), démontre que les centres de santé permettent aux patients les plus défavorisés d’être soignés. « Dans cette période où l’on assiste à des attaques contre l’accès aux soins, les centres de santé contribuent à diminuer les inégalités sociales de santé, affirme le Dr Alain Brémaud, qui a piloté l’étude Epidaure. Pour autant, nous ne revendiquons pas une médecine de pauvres mais une médecine ouverte à tous. »
(1) Éditions « Le temps des cerises », 396 pages, 22 euros
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