LE CHERCHEUR A. Casadeval (Albert Einstein College of Medicine dans le Bronx) s’est demandé pourquoi les champignons éprouvent le besoin d’être pathogènes pour les animaux, dont l’homme, alors qu’ils n’en tirent aucun bénéfice. Il a rappelé que sur le million et demi d’espèces de champignons (chiffre estimé), très peu sont pathogènes pour les animaux à sang chaud. Pour tenter de répondre à sa question, il s’est penché sur le cryptocoque. Ce champignon infecte par inhalation et précocement la quasi-totalité de la population, à partir des disséminateurs que sont les pigeons. Outre les être humains, il a la capacité d’infecter une centaine de mammifères. Sauf chez les immunodéprimés, l’infection reste asymptomatique.
Le cryptocoque est particulièrement bien équipé pour résister aux agressions à l’aide notamment d’une capsule polysaccharidique et de la synthèse de mélanine, comme les champignons, capables de survivre dans l’eau des centrales nucléaires.
Expérimentalement, le cryptocoque, après avoir été phagocyté par un macrophage, s’y multiplie ; le macrophage se rompt et laisse sortir les champignons qui infectent un autre macrophage.
Pour A. Casadeval, tout cela suggère que le cryptocoque a développé des mécanismes de défense contre les amibes libres, sous la pression de sélection exercée par ces prédateurs environnementaux phagocytaires, un peu comme les légionnelles. Lorsque le hasard l’amène dans un macrophage, il pense être dans une amibe et met en oeuvre ses défenses.
Certaines souches de cryptocoque peu pathogènes peuvent retrouver leur pathogénicité par passage dans les amibes qui les sélectionnent.
Et les dinosaures ? A. Casadeval a rappelé que les populations de grenouilles sont actuellement en régression du fait des attaques d’un champignon. Pour lui, il y a 65 millions d’années, à la suite d’un accident écologique majeur, chute d’une météorite ou éruption volcanique, s’est produit une déforestation massive. Cette quantité de biomasse morte a été à l’origine d’une prolifération mycologique intense. Ces champignons se sont préférentiellement attaqués aux animaux dits à sang froid, les dinosaures, et ont épargné les mammifères – qui ont pu alors entamer leur prodigieuse évolution – et les oiseaux – descendants des dinosaures et dont la température interne est de l’ordre de 42 °C. Et de conclure que si nous mangeons trois fois par jour, c’est pour nous défendre contre les champignons, l’objectif majeur des calories que nous ingérons étant de maintenir notre température corporelle. La preuve : les grenouilles infectées guérissent parfaitement lorsqu’elles sont placées à 37 °C.
Botulisme et héroïne goudron noir. J.-E. Lee, du CDC, a fait le point sur les cas de botulisme observé de façon quasi exclusive chez les toxicomanes par voie veineuse utilisant l’héroïne dite « goudron noir » (« black tar heroin ») provenant du Mexique.
Entre 1985 et 2004, 250 cas ont été rapportés, parmi lesquels 214 (86 %) en Californie et 36 dans les autres Etats de l’Ouest, avec une tendance au cours du temps à l’augmentation du nombre d’Etats rapportant des cas. Aucun cas n’a été rapporté en dehors de l’ouest des Etats-Unis, ce qui est en rapport avec l’absence d’utilisation du goudron noir en dehors de ces Etats. Le véhicule de la toxine botulique reste un mystère puisque même la stérilisation de l’héroïne ne permet pas de l’éviter, ce qui laisse les autorités de santé impuissantes, en l’absence de mesures de prévention.
Chikungunya: une surprise, la sécheresse. En introduction de sa communication sur les facteurs écoclimatiques contemporains des épidémies de chikungunya, J. Chrétien (Département de la Défense des Etats-Unis) a rappelé que, dans une région englobant la côte kényane et les îles situées au large de cette côte (les Comores, la Réunion, Maurice, les Seychelles), une épidémie de chikungunya de grande ampleur a frappé Lamu, petite île située au nord du Kenya ; elle y a fait 13 500 cas), dès juin 2004, puis Mombasa, au sud du Kenya en novembre 2004, avant d’atteindre les autres îles, la Réunion notamment.
L’équipe – constituée entre autres, outre des forces armées américaines basées au Kenya, des forces armées et des autorités sanitaires kényanes, du CDC (Center for Disease Control and Prevention, d’Atlanta), de la Nasa – a tenté de rechercher les modifications écoclimatiques qui ont pu favoriser l’éclosion de ces épidémies. Aussi bien à Lamu qu’à Mombasa, l’épidémie a été précédée d’une période de sécheresse importante et non d’un climat humide comme l’on aurait pu s’y attendre, s’agissant d’une maladie transmise par les moustiques. La seule explication que les auteurs ont pu avancer est celle de l’utilisation de récipients de stockage de l’eau liée à la sécheresse.
Atlanta. Congrès sur les maladies infectieuses émergentes.
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