Une maladie de peau est une souffrance physique et psychique importante et affecte la qualité de vie de façon au moins aussi importante que des pathologies plus graves d’ordre cardio-vasculaire ou rhumatologique…).
Les dermatoses sont d'autant plus sources d'anxiété et de dépression qu’elles sont souvent chroniques et que dans l'inconscient collectif elles ont à voir avec la contagion, le sale, l'impur. C’est pourquoi l’importance du retentissement socio-professionnel et psychoaffectif des dermatoses n’est généralement pas corrélée à la gravité clinique de la maladie. Différentes études menées dans le psoriasis ont montré aussi bien le risque de troubles anxio-dépressifs, voire d'idées suicidaires, d'altération profonde de l’estime de soi avec des comportements d'évitement que d’un retentissement important sur la vie amoureuse et sexuelle.
« Il est essentiel d'aborder cette dimension avec le patient, même si les hommes ont plus de réticences que les femmes à aborder spontanément leur vie affective. Pouvoir aborder ses difficultés sexuelles avec son médecin soulage le patient et cette démarche améliore bien souvent l’observance », explique le Dr Sylvie Consoli. Il faut aussi savoir décrypter chez un homme se plaignant d'une grande fatigue, une façon d’évoquer ses difficultés sexuelles.
Il est plus facile de parler de l'impact sur la sexualité d’une maladie cutanée lorsqu'il existe des lésions douloureuses ou prurigineuses au niveau ou à proximité des organes génitaux. Le dialogue peut aussi s'instaurer à propos des traitements locaux, pas toujours très compatibles avec un contact amoureux, pour envisager avec le patient quel pourrait être le meilleur moment de la journée pour les appliquer.
La peau, miroir des difficultés psychologiques
Il faut toujours rechercher un état dépressif pour replacer les troubles de l'érection et du désir dans ce cadre et les prendre en charge même si les antidépresseurs peuvent aussi, pendant le temps du traitement, perturber la sexualité (il faut avertir le malade de cet effet secondaire possible).
Il faut aussi faire la part des choses entre la place de la maladie cutanée dans les difficultés sexuelles et relationnelles et l'existence de difficultés psychiques qui ne lui sont pas liées et peuvent être antérieures. «?Quelqu'un qui a une mauvaise image de soi avant même la survenue de la pathologie cutanée, qui est donc fragile sur le plan narcissique, aura les mêmes problèmes à affronter sa maladie de peau que ses soucis professionnels, familiaux et ses déceptions amoureuses. Certains peuvent utiliser la maladie cutanée pour expliquer leurs échecs ou comme un refuge pour éviter des situations anxiogènes », prévient le Dr Sylvie Consoli. Les lésions cutanées peuvent donc être un support pour exprimer l'angoisse qui surgit lors de la relation aux autres, la peur des relations sexuelles. Le praticien doit aussi s'enquérir de ce que pense le ou la partenaire. Le patient peut affirmer que sa pathologie cutanée est un obstacle insurmontable pour le compagnon ou la compagne alors que, pour ces derniers, elles ne constituent pas en elles-mêmes un véritable problème.
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