REFERENCE
Le mécanisme classique est représenté par la réaction allergique de type I (hypersensibilité immédiate de Gell et Coombs) : activation IgE dépendante des mastocytes dont les différentes étapes sont les suivantes :
- chez les sujets sensibilisés, les IgE spécifiques sont fixées sur les récepteurs de haute affinité RFc-RI des mastocytes ;
- l'antigène provoque le pontage des IgE de la membrane, qui induit l'agrégation des récepteurs et l'activation de systèmes intracellulaires ;
- les trois conséquences de cette activation sont : la dégranulation et la libération de médiateurs préformés, la synthèse de cytokines et de chimiokines, et la synthèse de l'acide arachidonique avec production de prostaglandines et de leucotriènes.
Le principal médiateur libéré à la phase initiale est l'histamine. L'histamine est responsable des modifications qui induisent les signes d'urticaire : vasodilatation, augmentation de la perméabilité capillaire, extravasation leucocytaire. Les anti-H1, qui bloquent les effets de l'histamine, sont le meilleur traitement de l'urticaire. D'autres médiateurs sont libérés en même temps que l'histamine : le TNF alpha, la sérotonine, des protéases et des protéoglycanes. Ils sont impliqués dans des phénomènes non directement liés à l'urticaire.
Plusieurs heures après la stimulation, le mastocyte activé va produire de nombreuses cytokines et chimiokines responsables de la phase tardive de la réaction : recrutement de leucocytes et en particulier d'éosinophiles. Le recrutement de lymphocytes T, à la phase tardive de l'urticaire, permet d'expliquer l'effet thérapeutique, dans certains cas, des immunosuppresseurs.
Enfin, la synthèse des leucotriènes et des protéoglycanes aboutit à la libération de molécules inflammatoires dont le rôle précis n'est pas établi. Cependant, l'amélioration de certains patients sous antileucotriènes démontre l'importance de ces médiateurs.
L'activation mastocytaire peut aboutir aux trois phénomènes décrits ou à une partie d'entre eux seulement. Des travaux récents ont montré que les mastocytes peuvent produire des cytokines en l'absence de dégranulation. La nature des cytokines sécrétées peut également varier d'un sujet à l'autre. Ainsi, certaines urticaires peu sensibles aux anti-H1 pourraient être améliorées par les antileucotriènes ou les immunosuppresseurs.
Les urticaires IgE dépendantes ne représentent qu'une partie des urticaires : urticaire de contact au latex, allergie à la pénicilline. La majorité des urticaires médicamenteuses sont des réactions pseudo-allergiques par effet direct du médicament sur les mastocytes : par exemple, AINS. De même, la majorité des urticaires alimentaires - aux fraises ou aux crustacés - sont des urticaires allergomimétiques.
La piqûre d'ortie est un autre exemple de l'activation non IgE des mastocytes.
Le mastocyte possède de nombreux récepteurs membranaires. Ils sont susceptibles d'être activés par des neuromédiateurs, ce qui pourrait expliquer les poussées induites par le stress. Il existe aussi des récepteurs pour des composés du complément, des cytokines et des chimiokines. A noter aussi l'existence de récepteurs à des micro-organismes dont l'activation par des bactéries est susceptible de produire des cytokines sans dégranulation.
L'activation du mastocyte peut aussi être directement intracellulaire, sans interaction avec les récepteurs de membrane.
L'urticaire est typiquement une réaction d'hypersensibilité immédiate de type I.
Dans l'urticaire par hypersensibilité de type II, les mastocytes sont activés par des Ac de type IgG : on peut intégrer dans ce cadre les urticaires avec auto-anticorps.
Dans l'urticaire de type III, les mastocytes sont activés par des composés du complément. Ce sont probablement les mécanismes des vasculites urticariennes. Pour le type IV, les mastocytes se comportent comme des cellules présentatrices d'antigènes en activant des lymphocytes T, eux-mêmes responsables de l'activation mastocytaire.
D'après un EPU, au cours des Journées dermatologiques de Paris. Pr J.-F. Nicolas (unité immunologie, clinique et allergologie, INSERM 503, CHU Lyon Sud, Pierre-Bénite).
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