« Peut-on se satisfaire de la situation actuelle où les dépenses de la Sécurité sociale progressent plus vite que la production de richesses », a pointé Denis Piveteau, président du Haut Conseil pour l’avenir de l’assurance-maladie lors d’un entretien réalisé dans le cadre des Auditions privées*. En 2012, le déficit devrait être contenu autour de 6 milliards d’euros, alors que le budget total s’élève à 170 milliards. Même s’il tend à se réduire, le déficit augmenté de ceux des années précédentes crée une véritable urgence. Faut-il alors recourir à l’impôt ? « Ce serait sans nul doute l’instrument le plus rapide pour rétablir les comptes. Mais l’Etat a aussi d’autres priorités comme l’éducation, la justice », répond Denis Piveteau. Dans un rapport adopté le 22 mars dernier par les membres du Haut Conseil, la question avait été tranchée. Plutôt qu’envisager seulement des recettes supplémentaires même si elles s’avèrent indispensables, les acteurs doivent s’appliquer à rechercher un fonctionnement optimal des soins. Sont particulièrement visées les affections de longue durée. « Actuellement, 15 millions de Français, soit 20 % de la population, souffrent de maladies chroniques. La moitié d’entre elles bénéficient d’un remboursement à 100 %. Ce qui représente un coût de 84 milliards d’euros », souligne Denis Piveteau. Dans ce contexte, le parcours de soin représente un enjeu majeur.
Améliorer la qualité des soins
Or, une mauvaise prise en charge génère des gouffres financiers, notamment chez les personnes âgées dépendantes. En parallèle à l’urgence financière, il y a donc une autre urgence, celle d’améliorer la qualité des soins grâce à la mise en place d’un parcours. Mais on se heurte là à des difficultés pratiques. En premier lieu, l’hôpital à terme ne doit plus être le lieu où convergent tous ceux qui n’auraient pas obtenu une prise en charge ailleurs. Un tel constat impose la mise en place d’une autre organisation. Pour désengorger les services aigus, l’amont ou l’aval doit être apte à répondre aux demandes. Quant à l’hôpital, il a à pratiquer davantage une transversalité entre services et départements afin de faire face aux polypathologies présentées par le patient, mais aussi à ses urgences sociales. D’où la nécessité d’une meilleure articulation avec les services d’hospitalisation à domicile par exemple.
Afin de piloter le système, les ARS sont appelées à jouer un rôle moteur à condition de disposer de l’autonomie nécessaire, mais aussi des budgets pour mener à bien ces missions. Reste que ces suggestions rappellent le concept de réseau, si souvent invoqué dans les années quatre-vingt et quatre-vingt-dix avec les résultats pour le moins mitigés observés alors. La crise sera-t-elle un accélérateur de réformes ?
Organisées en partenariat avec la Fédération de l’hospitalisation privée (FHP).
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