UNE JEUNE FILLE de 18 ans s’est présentée à la consultation de dermatologie à l’hôpital de la Timone, à Marseille, en raison de l’apparition d’une dermatose de type ichtiosique symétrique des extrémités des membres. Les tests biologiques réalisés à l’entrée n’ont montré qu’une anémie ferriprive et une lymphoneutropénie. A l’examen clinique, les médecins ont retrouvé une démarche ébrieuse, une rétention urinaire, des signes d’hypertension intracrânienne, un syndrome cérébelleux, des signes pyramidaux des quatre membres sans faiblesse musculaire associée et une lenteur d’idéation.
L’ensemble des examens paracliniques neurologiques – TDM, IRM, EEG et analyse du liquide de ponction lombaire – se sont révélés normaux.
Cette patiente avait une soeur jumelle qui, elle aussi, présentait des lésions cutanées de même type, de distribution similaire, mais de moindre importance, et une démarche ébrieuse. A l’examen clinique, les médecins n’ont noté, chez cette dernière, que l’existence de réflexes ostéo-tendineux vifs. Dans les famille de ces deux patientes, aucune maladie neurologique ou dermatologique n’était connue et il n’existait aucune notion de cosanguinité.
Après quelques jours d’hospitalisation, le personnel soignant a découvert de façon fortuite, dans la chambre de la jeune fille, un paquet de boules de naphtaline contenant du paradichlorobenzène. L’interrogatoire a permis de préciser que, depuis quelques mois, la patiente « sniffait » et mâchait ces boules de naphtaline, à raison d’une demie par jour, dans un but récréationnel. La recherche de paradichorobenzène était positive dans le sang et les urines. L’arrêt total de l’intoxication a permis une amélioration nette de l’état neurologique en trois mois et un retour à la normale en six mois.
La soeur jumelle qui s’était contentée de « sniffer » depuis quelques semaines a vu son état neurologique revenir à la normale en moins de trois mois.
« New England Journal of Medicine », 355 ; 4, pp. 423-424.
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