D. S. Un effort important au cours du quinquennat a été consenti en faveur de la recherche. Vous en aviez rêvé, Nicolas Sarkozy l’a réalisé ?
A. K. Si l’on doit dresser un bilan, la loi relative aux libertés et responsabilités des universités (LRU) est bien un élément fort sur lequel personne ne reviendra. L’idée de repositionner le curseur sur l’université, de rééquilibrer le paysage de l’enseignement supérieur en faveur de la recherche, de refixer le lien qui s’était un peu distendu entre enseignement et recherche, s’est révélée largement bénéfique. Le candidat socialiste à ce jour ne s’est pas prononcé pour remettre en cause ce dispositif. Les investissements d’avenir reposent sur deux desseins. Le premier objectif repose sur des investissements réalisés dans des secteurs clés pour l’avenir dont on attend un retour afin de sortir le pays plus rapidement de la crise. Mais le gouvernement s’en est également servi pour piloter de manière autoritaire, à la hussarde, une nouvelle modification du paysage et de l’organisation universitaire. Avant même que la loi LRU ne soit adoptée par la totalité des universités françaises, être éligible aux mesures des investissements d’avenir exige de dépasser la loi LRU. En ce qui nous concerne, cela signifie de construire un grand ensemble qui réunira 120 000 étudiants. Ce second objectif ressort d’un présupposé organisationnel technocratique, idéologique. En l’absence de recul ou de retour d’expériences, je ne peux pas vous dire qu’il s’agit d’une orientation sage. Elle ne se produit en tout état de cause nulle part ailleurs dans le monde.
D. S. Avez-vous déposé un dossier concernant les initiatives d’excellence ?
A. K. Rappelons qu’au 1er janvier 2009, notre université est régie sous les principes d’autonomie. Or, pour bénéficier des montants prévus par le dispositif des initiatives d’excellence, il nous faut passer à une autre étape, à savoir la fusion de cette université avec trois autres. Ce qui oblige à construire un grand ensemble dont la gouvernance posera problème.
D. S. La politique menée actuellement est-elle sous la seule influence des grands classements internationaux de type Shanghai ?
A. K. Dans l’optique du gouvernement, ces grands regroupements sont au départ motivés par la contrainte de figurer au classement de Shanghai. Or ce palmarès pondère assez peu les résultats cumulés par le nombre d’enseignants-chercheurs. Si l’on prend notre exemple, nous sommes la première université française en médecine. Mais en l’absence de faculté des sciences, nous figurons à la 151e place au classement de Shanghai. Nos partenaires de l’université Paris VII-Diderot sont 113e. Avec Sorbonne-Paris-Cité qui est donc la grande organisation que nous allons lancer, nous nous plaçons directement à la 43e place. Mais cela est complètement artificiel. Cette fusion va-t-elle nous permettre de produire un meilleur enseignement, une recherche plus performante ? C’est possible. Mais cela n’est pas sûr. Et à ce jour, personne ne m’en a administré la preuve.
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