PRÉSENTÉE par sa coordinatrice Marie-Aline Charles, de l’Inserm (Villejuif), l’étude Eden propose de s’intéresser aux « déterminants prénatals et postnatals précoces de la santé de l’enfant » à partir d’une cohorte de couples mère-enfant recrutés dans les maternités de Poitiers et DE Nancy, pratiquant toutes deux plus de 1 800 accouchements par an. «L’étude Edena pour objectif de confirmer que la plasticité importante de la période f?tale et des premiers mois de la vie est à l’origine de la programmation durable de certaines fonctions de l’organisme par des conditions d’environnement dès la naissance, et de la sensibilité particulière à certains toxiques, même à faible dose», a indiqué le Dr Charles. Pour ce faire, elle recueille en période périnatale, puis lors de suivis à un, trois et cinq ans, des donnés cliniques, biologiques et d’imagerie, dont une partie est en cours d’analyse et une autre encore sous forme de stock.
A ce jour, un peu moins de 2 000 couples ont été inclus, dont l’enfant le plus âgé a 2 ans et demi, et les résultats préliminaires portent sur 750 d’entre eux. Ils montrent notamment que le poids de naissance et la masse grasse sous-cutanée du nourrisson augmentent régulièrement avec la corpulence maternelle si l’IMC de la maman est inférieur à 25 en début de grossesse. La prise de poids durant la grossesse est la plus faible chez les femmes souffrant d’obésité. L’étude n’en est qu’à ses débuts, mais ses promoteurs comptent y développer de nombreuses thématiques, déjà signalées dans des études antérieures : la nature des relations entre le faible poids de naissance et l’hypertension artérielle, le diabète, la mortalité cardio-vasculaire ; entre le tabagisme durant la grossesse et le surpoids chez l’adulte ; entre l’exposition maternelle aux métaux lourds et le développement psychomoteur ; entre l’allaitement et la diminution de l’obésité ou de l’asthme.
Prévenir les maladies cardio-vasculaires.
De son côté, le Pr Umberto Simeoni, du service de néonatologie de la Conception (Marseille), s’est intéressé à l’origine précoce des maladies cardio-vasculaires de l’adulte. Selon lui, «un certain nombre de travaux montrent que les prématurés ont des pressions artérielles légèrement supérieures aux sujets contrôles», un problème que l’on avait mis en corrélation avec le faible poids de naissance et dont on constate qu’il ne touche pas seulement les enfants souffrant d’un retard intra-utérin. On savait en effet (David Barker) que «le taux de mortalité cardio-vasculaire augmente quand le poids de naissance diminue, tant chez les filles que chez les garçons», explique le Pr Simeoni. Des travaux effectués chez le rat ont permis de comparer quatre groupes : l’un de poids de naissance faible, du fait d’une restriction protidique maternelle ; un autre de poids de naissance normal bénéficiant d’une suralimentation pendant la lactation ; un groupe ayant subi à la fois la restriction pendant la grossesse et la suralimentation par la suite ; enfin, un groupe contrôle. On retrouve un tiers de néphrons en moins chez les rats qui ont un retard intra-utérin, mais surtout «la suralimentation postnatale va augmenter la charge protéique et accentuer ce phénomène».
Par ailleurs, l’étude d’artères ombilicales chez des nouveau-nés montre que le taux d’élastine est plus important chez les enfants à terme que chez les prématurés. Parallèlement, le Pr Simeoni montre que chez des adolescents anciens prématurés ou non, «ceux qui avaient eu le gain de poids le plus important pendant les deux premières semaines de vie présentaient la capacité vasodilatatrice artérielle la moins bonne, et inversement». Ces constatations ouvrent un large débat : «Est-il bon de faire gagner du poids rapidement au nouveau-né, selon l’idée qu’un gain précoce serait payé plus tard?»
«Le foetus dans un environnement défavorable s’adapte et privilégie pour survivre le développement de son cerveau au détriment d’autres fonctions. Les problèmes arrivent après la naissance, quand il se retrouve dans un contexte plus favorable… et qu’il s’est programmé pour autre chose.» En bref, on programme sans le vouloir un risque cardio-vasculaire et métabolique chez l’adulte.
Le Pr Simeoni préconise donc chez les enfants à risque (sortant de néonatalogie, notamment) une mesure régulière de la pression artérielle et de la microalbuminurie, ainsi qu’une optimisation de l’alimentation associée au contrôle des autres facteurs connus de risque cardio-vasculaire et métabolique.
Conférence organisée par le département nutrition de Nestlé France.
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