ON ESTIME à 270 000 le nombre de femmes qui meurent chaque année d’un cancer du col de l’utérus, parmi lesquelles 85 % dans les pays en développement. En France, depuis une quinzaine d’années, l’incidence de ce cancer tend à stagner et tue encore 1 000 femmes par an.
Les virus HPV (papillomavirus humain) sont retrouvés dans 99,7 % des cancers du col de l’utérus. Parmi les 100 génotypes d’HPV, 15 sont oncogènes et l’infection persistante représente le facteur de risque majeur. Les souches HPV16 et HPV18 sont à elles seules responsables de 50 % des lésions de haut grade (CIN2 et 3) et de 70 % des cancers du col dans le monde (75 % en Europe et en Amérique du Nord, 65 % en Asie). D’autres génotypes moins fréquents peuvent être aussi associés au développement des lésions précancéreuses et des cancers invasifs, comme HPV45 dans 9 % des cas et HPV31 dans 5 % des cas. On s’est aperçu que plus de 50 % des femmes sexuellement actives (femmes jeunes, mais aussi plus âgées) sont susceptibles d’être infectées par un ou plusieurs HPV oncogènes à un moment ou à un autre de leur vie et que le préservatif ne permet pas se protéger complètement de cette infection, la transmission pouvant survenir par simple contact cutané au niveau des parties génitales entre les partenaires. Par ailleurs, la pratique du frottis, combinée au typage des HPV génitaux, reste insuffisante en France ; près de 40 % des femmes de 20 à 49 ans échapperaient au dépistage. A souligner que la stratégie préventive, grâce à une vaccination antipapillomavirus, apparaît aux yeux d’experts comme une approche complémentaire au dépistage qui doit être poursuivie.
Dans les pays occidentaux, le vaccin antipapillomavirus permettra de réduire des frottis anormaux et des explorations invasives majorant l’anxiété des femmes ; dans les pays en développement, l’impact sera majeur sur l’incidence de la mortalité par cancer du col.
Les virus HPV16 et HPV18.
Le vaccin prophylactique bivalent L1VPL HPV16-18 a été développé par GSK pour prévenir les lésions précancéreuses et cancéreuses associées aux types viraux HPV16 et 18. Ce vaccin est fondé sur les protéines L1 de la capside virale qui ont la particularité de s’autoassembler spontanément sous la forme de pseudo-particules virales (VLP, Virus Like Particule), lesquels ne sont pas infectants, néanmoins capables d’induire la production des anticorps neutralisants circulants. Outre les L1VLP de deux souches HPV16 et 18, la formulation du vaccin de GSK comprend l’ASO4, un adjuvant contenant le MPL (3-D monophosphoryllipid A) visant à renforcer l’immunogénicité du vaccin. En effet, à cinquante-quatre mois de suivi postvaccinal avec l’adjuvant ASO4, le taux des anticorps neutralisants est supérieur à celui obtenu avec l’aluminium seul et on observe aussi une fréquence plus élevée des cellules mémoire B qui sont susceptibles de jouer un rôle dans la réponse immunitaire adaptative et la protection au long cours.
Deux essais cliniques récents ont démontré chez les femmes âgées de 15 à 25 ans une bonne tolérance du vaccin HPV16-18, ainsi que son efficacité de 100 % sur les infections incidentes et persistantes à HPV16 et 18 et de 93 % sur les anomalies cytologiques. Ces résultats sont confirmés après un suivi de quatre ans et demi. Par ailleurs, il ressort que le vaccin conférerait une protection croisée en étant également efficace contre les infections incidentes liées aux génotypes 45 et 31 (94,2 % et 54,5 % respectivement).
Schéma à 0, 1 et 6 mois.
Une étude clinique de phase III, incluant les femmes âgées de 15 à 55 ans et ayant reçu les trois doses selon le schéma à 0, 1 et 6 mois, suggère que toutes les femmes, jeunes et plus âgées, peuvent bénéficier d’une protection vaccinale grâce à ce vaccin hautement immunogène et bien toléré. Dans cette étude, la réponse immunitaire a été évaluée dans le groupe de femmes de 26-55 ans par comparaison au groupe de femmes de 15-25 ans. Les résultats montrent que chez toutes les femmes initialement séronégatives, le taux de séroconversion était de 100 % pour les HPV16 et 18, cela dès le deuxième mois ; à 7 et 12 mois, le taux des anticorps neutralisants contre HPV16 et 18 était comparable dans les deux groupes, et au moins de 16 à 26 fois plus élevé que celui qui est observé naturellement après l’infection.
En ce qui concerne les populations cibles à vacciner et l’âge de la vaccination, les avis des gynécologues ne sont pas encore unanimes, notamment sur la tranche d’âge de 10-12 ans. En sachant qu’en France l’âge moyen des premiers rapports se situerait entre 16 et 17 ans et que l’on manque d’informations à l’heure actuelle sur la persistance des anticorps neutralisants au-delà de cinq ans.
Prague. Symposium GlaxoSmithKline dans le cadre de la 23e Conférence internationale sur les papillomavirus.
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