Comment les députés socialistes, médecins de profession, jugent les revendications de leurs confrères généralistes qui font la grève des gardes depuis presque deux mois ? « 28 ou 30 euros la visite, ce n'est pas vraiment l'objet du débat », déclare d'emblée le Dr Serge Blisko, député PS de Paris, maire du 13e arrondissement et médecin libéral jusqu'en 1999.
A ses yeux, les maux des médecins généralistes ne sauraient se résumer à leurs honoraires, bien que la question tarifaire soit « très importante et tout à fait symbolique ». En fait, les généralistes sont surtout, selon le Dr Blisko, « les rouages d'un système les moins considérés, ce qui se traduit notamment par une stagnation tarifaire ». S'il « conçoit parfaitement l'énervement des médecins », Serge Blisko trouve en revanche « inacceptable le passage sauvage au secteur II » de ceux qui ont augmenté de fait leurs consultations à 20 euros depuis quelques jours. Une augmentation tarifaire par les pouvoirs publics n'apporterait « qu'un des éléments de la solution, mais en tout cas pas le seul », souligne le député de Paris. Il estime, en effet, qu'il faut « faire évoluer le cadre conventionnel et reconnaître, y compris financièrement, le rôle essentiel des médecins généralistes en matière de santé publique et de prévention ». Selon lui, la réforme de l'architecture conventionnelle va dans le bon sens.
« Il faut, certes, une revalorisation de certains actes, en particulier de la visite puisque c'est surtout elle qui pose problème », affirme le Dr Gérard Bapt, ancien cardiologue et député PS de Haute-Garonne, qui propose d' « étaler cette revalorisation dans le temps, sur deux ou trois ans, par exemple ». « Mais les problèmes de gardes et d'astreinte peuvent difficilement être réglés par le paiement à l'acte », poursuit le Dr Bapt, d'où la nécessité d'envisager de nouvelles « dotations forfaitaires pour exercice dans des zones difficiles ». « L'exaspération des médecins généralistes commence à avoir des conséquences graves dans les services hospitaliers ou les associations de garde comme SOS-Médecins », note le député de Haute-Garonne. « Il faut donc sortir de cette affaire le plus rapidement possible. » Pour autant, le Dr Bapt souligne que le gouvernement « est revenu sur les sanctions collectives, les lettres clés flottantes [dans son projet de réforme du cadre conventionnel, NDLR]. On ne peut donc pas dire qu'il ait été sourd ou méprisant ».
La réforme conventionnelle en question
Le Dr Jean-Jacques Denis, médecin biologiste de formation et député PS de Meurthe-et-Moselle, se montre plus sévère à l'égard du gouvernement. La réforme de l'architecture conventionnelle « va dans la bonne voie mais arrive un peu tard ». Le Dr Denis, qui est l'un des rapporteurs du projet de loi sur les droits des malades et la qualité du système de santé, déplore que l'on soit « aujourd'hui pris de court devant des revendications tarifaires catégorielles, et cela avant des échéances électorales, alors qu'on avait conscience des problèmes depuis longtemps (...). Manifestement, il est nécessaire qu'un effort soit fait [en termes de rémunération, NDLR] , même s'il est dommage de le faire dans ces conditions-là, sans remise à plat du rôle du médecin de famille et de ses modes de rémunération ». Le Dr Denis estime que « les revenus des gardes et des déplacements ne sont pas à la hauteur de l'investissement que cela représente ». Il va même plus loin, puisqu'il souhaite que le tarif de la consultation des généralistes soit aligné sur celui des spécialistes, c'est-à-dire 22,87 euros (150 F).
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