La Mutualité sociale agricole (MSA), deuxième régime d'assurance-maladie derrière le régime général après la CNAM, n'apprécie guère les dépassements d'honoraires largement pratiqués en ce moment par les médecins spécialistes libéraux.
Pour Jeannette Gros, présidente de la caisse centrale de la MSA, le DE ou dépassement pour exigence particulière du malade est « la solution de facilité ».
Les représentants des coordinations de médecins invitent les patients à mieux choisir leur mutuelle pour se faire rembourser (« le Quotidien » du 12 février). Mais la MSA présente la particularité de cumuler les fonctions de régime de base et de complémentaire santé dans certains départements. Si bien que la MSA « est totalement opposée à un transfert (des dépenses) sur la partie complémentaire », comme certains le préconisent au sein même du gouvernement, puisqu'il conduirait immanquablement à une hausse des cotisations, et donc à « un appauvrissement des familles », souligne Jeannette Gros. « Parmi les complémentaires santé, il y a aussi les privés qui feront une sélection des personnes et des soins », avertit par ailleurs la présidente de la MSA.
Pour faire sortir du rouge les comptes de la Sécu, la MSA mise davantage sur les accords de bon usage des soins. « Nous ne sommes pas au bout de ce qu'on peut faire au niveau de la qualité des soins », affirme Jeannette Gros.
L'importance des forfaits
Quoi qu'il en soit, les revendications des médecins spécialistes libéraux pour leur future convention semblent en décalage par rapport aux préoccupations actuelles de la MSA. « Les professionnels de santé - on le voit dans les discussions conventionnelles - sont encore dans une logique de rémunération à l'acte », constate le Dr Alain Corvez, médecin national de la MSA. Or, seuls les forfaits sont susceptibles de rémunérer les professionnels adhérant aux réseaux que la MSA souhaite développer pour garantir la coordination des soins et rendre plus attractif l'exercice en milieu rural. « La coordination des soins, inscrite dans une démarche qualité, est pour nous un enjeu majeur, et pas seulement en gérontologie », souligne le Dr Corvez.
Cheval de bataille de la MSA, la santé en milieu rural concerne 20 % de la population française. Le Dr Alain Corvez, médecin national de la CCMSA, estime que « le milieu rural prend de plein fouet les tendances lourdes » auxquelles se heurtera plus tard le système de soins dans son ensemble : proportion importante de personnes âgées, désertification progressive, manque d'attractivité pour les médecins « attirés par l'exercice en ville et les technologies rassurantes ». Depuis 1998, la CCMSA conduit un projet intitulé « Santé et milieu rural » avec le CREDES et les unions régionales de caisses d'assurance-maladie (URCAM) d'Aquitaine, de Franche-Comté et du Languedoc-Roussillon.
Il ressort de ce projet que ces trois régions rurales posent « des problématiques différentes » en fonction de leur caractère touristique (Languedoc-Roussillon), industriel (Franche-Comté) ou traditionnel (Aquitaine). Partout, relève François Baudier, directeur de l'URCAM de Franche-Comté, « le rôle du médecin généraliste est prédominant », mais « les flux de patients varient selon les territoires ». « Le départ d'un médecin généraliste (en zone rurale) peut se révéler catastrophique en raison du phénomène de cascade : après le médecin, l'infirmière, le masseur-kinésithérapeute s'en vont aussi », explique-t-il. « Les mesures d'aides à l'installation ne seront sans doute pas suffisantes », poursuit le directeur de l'URCAM de Franche-Comté. « Il faut avoir une réflexion plus large en termes d'aménagement du territoire » afin d'assurer aux praticiens « des conditions de vie acceptables pour lui et sa famille ». Selon François Baudier, les maisons médicales, les cabinets secondaires, le statut de collaborateurs salariés, les hôpitaux locaux, les pharmaciens, les associations familiales sont autant d'éléments favorisant la revitalisation des zones rurales.
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