PARFOIS PROMPTES à dénoncer le désengagement de l'État dans sa mission régalienne de garantie de l'égalité d'accès aux soins, les collectivités territoriales, et notamment les conseils généraux, s'attaquent depuis quelques années au problème de la démographie médicale, et en particulier aux déserts médicaux, existants ou à venir.
Le législateur a d'ailleurs clairement prévu la possibilité pour ces collectivités d'attribuer des aides à l'installation. La loi sur les territoires ruraux, dite « loi Gaymard », adoptée en 2005, précise ainsi dans son article 108 que «les collectivités territoriales peuvent attribuer des aides destinées à favoriser l'installation ou le maintien des professionnels de santé dans les zones dans lesquelles est constaté un déficit en matière d'offre de soins».
C'est sur cette base que, par exemple, le conseil général de Seine-et-Marne devrait voter à l'automne des dispositions innovantes en faveur des médecins libéraux – il s'agira, entre autres, d'aider le médecin à trouver un logement (le conseil général pourrait même venir en aide au conjoint du médecin pour trouver un travail). Ce département pourrait aussi verser des bourses aux étudiants en médecine qui s'engageraient à exercer durant cinq ans sur son territoire à l'issue de leurs études. Enfin, la Seine-et-Marne pourrait aussi fournir des locaux aux médecins désireux d'exercer en groupe dans les zones sous-médicalisées. «Mais attention, prévient-on au conseil général, ces mesures ne sont pas encore votées, il ne s'agit que d'un projet qui pourrait encore évoluer considérablement.»
Opération séduction.
Autres lieux, autres moeurs. Dans le département du Cher, le conseil général a lancé l'année dernière une opération séduction en direction des médecins libéraux. Dans le Cher, on ne souhaite pas spécialement aider financièrement les médecins qui souhaitent s'installer en zone sous-médicalisée, par crainte du simple effet d'aubaine. Mais on propose de les aider financièrement à créer des maisons de santé pluridisciplinaires. Le Cher a également lancé une campagne de communication en direction des étudiants en médecine sur le thème «Chez nous, il fait bon vivre», et propose des bourses aux étudiants désireux de s'établir ensuite dans le département.
Dans le département du Loiret, on fait dans le sur-mesure et le conseil général propose des aides financières modulables en fonction des besoins du jeune installé, en échange d'un engagement d'exercice dans le département de trois à cinq ans, selon la nature des aides versées. Quant aux médecins thésés, ils peuvent obtenir des aides à l'installation, d'un montant maximal de 20 000 euros, pour accompagner la montée en charge de leur patientèle.
Enfin, dans l'Allier, le conseil général distribue dans les facs de médecine un document pour inciter les étudiants de 3e cycle de médecine à venir s'installer plus tard dans le département, en échange d'une aide de 8 400 euros pour la première année, de 12 000 euros pour la suivante, et de 18 000 euros pour la dernière année (voir tract ci-contre). Tout comme la Saône-et-Loire, qui fait toutefois plus simple en proposant 1 000 euros par mois aux étudiants de 3e cycle.
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