De notre correspondant
Un mois après l'annonce du programme gouvernemental de prise en charge de la maladie d'Alzheimer (« le Quotidien » du 12 octobre), quelque 300 médecins et soignants en gériatrie de la région Rhône-Alpes ont participé à Lyon à une première rencontre régionale organisée sous l'égide du FARAP, Forum Alzheimer Rhône-Alpes des professionnels, à la fois temps de réflexion collective et lieu de définition d'actions communes par le réseau des forces médico-sociales spécialisées.
Premier projet du FARAP, une étude par questionnaire, destinée à dresser un état des lieux de la maladie dans les institutions médicalisées de la région, confirme l'intuition des professionnels. Elle montre, résume le Dr Chantal Girtanner, gériatre à Saint-Etienne, qui a dirigé ce travail au nom du FARAP, que le taux moyen de médicalisation de ces établissements, « d'une insuffisance criante », est de... 0,05 médecin gériatre pour 80 résidents. Les réponses des établissements à une longue série d'autres questions montrent « une forte et évidente sous-évaluation de l'incidence des démences et maladies d'Alzheimer parmi les résidents de la majorité d'entre eux », ajoute-t-elle.
Le personnel épuisé
« Ce que nous retenons de cette étude, commente le Dr Girtanner pour « le Quotidien », c'est qu'à l'évidence les équipes de soins de nombreuses institutions souffrent beaucoup et qu'elles font face aux pires difficultés. Car beaucoup de ces démences ne sont pas diagnostiquées, donc pas reconnues et pas prises en charge comme telles. Tous les spécialistes savent que la maladie d'Alzheimer concerne au moins un quart des 80-85 ans. Or, notre étude établit une sous-estimation effarante, sur le terrain, de cette réalité statistique. » Sur quelque 500 établissements médicalisés des huit départements qui ont été sollicités par courrier pour cette recherche, entre un tiers et 50 %, selon les départements, ont pris la peine de répondre. Sans que cela se traduise explicitement dans les réponses, précise toutefois le Dr Girtanner, l'étude montre « l'épuisement des équipes », justement parce qu'elles s'occupent de résidents dont la démence n'est pas prise en charge médicalement.
La partie finale du questionnaire est édifiante : évoquant l'hypothèse improbable d'un « budget supplémentaire » qui leur serait octroyé, elle demandait aux institutions à quoi elles le consacreraient en priorité. Le projet plébiscité par les équipes est « une sortie hebdomadaire toute simple des résidents, par exemple une matinée au marché ». Le deuxième souhait exprimé serait que le budget aille à des programmes de formation des personnels sur les démences et la lutte contre les troubles de la mémoire. Le troisième le plus fréquemment exprimé serait qu'il serve à améliorer les activités de loisirs des résidents (de type artisanat ou autre), durant la semaine.
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