LANCINANTE, LA QUESTION des délais d'attente «interminables» en ophtalmologie est devenue, de l'avis du SNOF, un «abcès de fixation» (pour les médias, les pouvoirs publics) qui permet de montrer du doigt la discipline en éludant les causes du mal.
Le syndicat a essayé de mesurer la réalité de ces délais grâce à une enquête auprès de ses membres dont les résultats sont présentés ce matin lors des états généraux de la vue (598 réponses traitées).
Une semaine d'activité des ophtalmologistes, au quatrième semestre 2007, a été passée au crible. Cette étude met au jour la « suractivité » des ophtalmos : durant la semaine étudiée, 42 % des spécialistes ont assuré en moyenne 135 consultations (30 par jour), 26 % ont réalisé entre «150 et 199» CS et 13 % ont dépassé 200 actes hebdomadaires. Seulement 18 % d'entre eux ont déclaré moins de 100 consultations. La très grande majorité de ces rendez-vous (79 %) a résulté de consultations programmées.
Lorsque les ophtalmologues ont accueilli des consultations «en urgence indiscutable» (traumatisme, baisse brutale de la vision, douleur ou infection aiguë, risque de décollement de la rétine, menace de glaucome...), 80 % de ces urgences ont été traitées «dans les 24heures» (le jour même ou le lendemain de l'appel) , affirme l'étude. Ce qui, selon le SNOF, relativise le discours selon lequel un grand nombre de cas graves seraient traités tardivement. Pour d'autres situations d'urgence potentielle (bris de lunettes, découverte d'un strabisme), les délais moyens s'allongent et oscillent «entre deux et huit jours».
Au cours de la semaine considérée, chaque ophtalmologiste a par ailleurs effectué en moyenne 10 consultations adressées par un confrère. Selon l'étude, le délai moyen pour ces actes en second recours (C2, fond d'oeil de diabétique, baisse d'acuité visuelle scolaire, chirurgie) est compris entre un et trois mois.
Plannings bouchés.
Reste 15 % de consultations « spontanées » ou d'« urgences ressenties » (anxiété, exigence particulière...) qui n'entrent dans aucune case (ni CS programmées ni urgences indiscutables). Selon le Dr Guy Aflalo, secrétaire général du SNOF, cette catégorie de consultations standard «motive les principales récriminations» des usagers, le plus souvent des «nouveaux» patients . «Le délai moyen d'attente est de 87jours, admet-il. Ce sont les cas minoritaires où le patient s'entend dire que le planning est bouché pendant trois mois ou plus...» Plus que le délai moyen, il précise que les «écarts» de rendez-vous pour ce type de demandes sont considérables d'une région à l'autre, ce qui explique l'exaspération des patients. «Cela va de un à deux jours de délai dans les régions sans problème jusqu'à 400 jours d'attente dans les zones de pénurie», souligne le Dr Aflalo . Enfin, seul un ophtalmologiste sur deux juge que les récents décrets facilitant le renouvellement des lunettes par les opticiens «améliorent la fluidité de la demande». Cette mesure a donc une portée limitée.En clair, l'étude ne sous-estime en rien les difficultés existantes, parfois criantes, mais elle réfute l'idée d'une démission de la profession et d'une catastrophe sanitaire : les urgences sont prises en charge, y compris dans les zones sous-dotées ; toutes les régions ne sont pas logées à la même enseigne, d'où l'intérêt, sans doute, de mesures ciblées.
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