I L est bien rare que, dans le cadre de cette rubrique, nous fassions des incursions dans des domaines dont l'actualité est traitée ailleurs. Mais la défaite-surprise d'Amélie Mauresmo au premier tour de Roland-Garros nous y conduit pour une fois.
Non que, dans le tennis comme dans toute discipline sportive, les coups de théâtre ne soient pas nombreux, ni ne relèvent d'une forme de routine. C'est peut-être ce qui passionne dans le sport : rien n'y est joué d'avance, pour autant que quelque pratique coupable, comme le dopage, ne le pervertit pas. Et il est vrai que, dans le cas de Mlle Mauresmo, on était en droit de nourrir un fol espoir : elle a remporté trois tournois d'affilée tout récemment et la finale de Roland-Garros semblait à portée de son poignet.
La presse a cru à sa victoire, ce qui était à la fois légitime et souhaitable, dans la mesure où aucun spectateur ne peut éprouver de l'enthousiasme s'il n'a pas choisi son camp au préalable. Bien sûr, pour le public français, pourquoi pas un champion français ? Une championne en l'occurrence, pour laquelle, comme tout le monde, nous formions tous les vux de succès. Il faudrait croire aux forces occultes pour déceler dans le triomphalisme prématuré des commentateurs la cause de l'échec inattendu, et même invraisemblable, d'une joueuse dont on pouvait penser qu'elle ferait dans le tournoi un parcours plus long, même si elle n'allait pas à son terme. La déception est d'autant plus cruelle que certains journaux n'ont pas hésité à parier sur Mlle Mauresmo, présentée dans certains titres comme « la terreur », elle qui, de toute évidence, n'a rien d'un ogre ou d'un monstre et qui chemine, de court en court, avec la patience, le travail et l'acharnement indispensables à une victoire en finale.
On va toujours trop vite, trop loin, et l'emphase du message participe à la dictature de la pensée ; mais on doit à l'objectivité de reconnaître que quelques spécialistes se sont interrogés sur la capacité de l'estimable Amélie à faire face aux poids lourds de Roland-Garros après l'effort intense qu'elle a fourni ces dernières semaines.
Ils ne manquaient pas de bon sens, ces rabat-joie, et, pour être sincère, nous devons confesser ici que nous n'avons pas voulu les croire. Bref, nous ne retirons de cette amère désillusion qu'un enseignement : en médecine, le pronostic est toujours prudent. En sport, il devrait l'être aussi.
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