La pathogenèse de la plaque athéromateuse est schématiquement la suivante : à l'origine, les LDL(lipoprotéines de faible densité) pénètrent dans le sous-endothélium, s'oxydent et se comportent comme des stimuli inflammatoires vis-à-vis des cellules endothéliales qui s'activent et expriment des molécules d'adhérence pour les monocytes circulants et les lymphocytes T. Les monocytes pénètrent dans la paroi et entraînent dans le sous-endothélium une véritable réaction inflammatoire. Les macrophages ainsi libérés vont capter le LDL cholestérol et se transformer en cellules spumeuses, caractéristiques de la plaque d'athérome.
« Mais, autant nous connaissons plutôt bien l'étiologie et la pathogenèse de la plaque, précise le Dr A. Tedgui, autant les causes de la survenue des accidents ischémiques aigus sont encore au début de leur identification. On sait néanmoins que la plaque d'athérome peut évoluer vers deux phénotypes : d'une part, un phénotype stable, qui est cliniquement parfaitement silencieux, non dangereux dans la mesure où la chape fibreuse est épaisse et la lumière parfaitement normale, et d'autre part un phénotype beaucoup plus dangereux, à l'origine des accidents ischémiques aigus, où la chape fibreuse est fine avec un infiltrat inflammatoire très riche en macrophages et lymphocytes T. Au fur et à mesure que les macrophages libèrent les protéases matricielles, la matrice va être dégradée et à terme, sous l'influence par exemple d'une poussée d'HTA ou d'un stress, la plaque va se rompre et les éléments sanguins se retrouvent au contact du noyau lipidique, qui lui-même comporte des facteurs tissulaires, ce qui déclenche la formation d'un caillot ».
Une balance inflammatoire
A l'intérieur même de la plaque, on trouve à la fois des cytokines proinflammatoires (le TNF alpha, les interleukines IL1, IL8, IL12, IL15, IL18, l'oncostatine-M, l'interféron gamma) qui pérennisent la réaction inflammatoire à l'intérieur du tissu artériel, et des cytokines anti-inflammatoires (l'IL4, l'IL6, l'IL10, l'IL13, l'IL18 Binding Protein, le TGF bêta, etc.) qui participent à la résolution de l'inflammation.
« D'où l'émergence d'un nouveau concept, a enchaîné le Dr Tedgui , notamment d'après des données expérimentales* obtenues dans notre unité INSERM, à savoir que la stabilité de la plaque semble en partie résulter de cette balance inflammatoire. Le déséquilibre entre les facteurs proinflammatoires qui sont en abondance dans la plaque et les facteurs anti-inflammatoires est probablement à l'origine des accidents ischémiques aigus. »
Il est donc capital de maintenir l'équilibre de cette balance inflammatoire, notamment par l'utilisation de cytokines anti-inflammatoires déjà prescrites dans d'autres pathologies comme la polyarthrite rhumatoïde et le psoriasis, afin d'une part, de bloquer le processus athéromateux au niveau de l'activation cellulaire et d'agir, d'autre part, au niveau des voies d'amont de la thrombose.
D'après la communication d'A.Tedgui, INSERM U541, hôpital Lariboisière, Paris
*Avec la collaboration de Ziad Mallat
L'interleukine 18 est une cytokine puissamment pro-inflammatoire, dont on a montré récemment que la forme active était présente dans des plaques carotidiennes humaines. Une publication récente de Z Mallat (Circulation 2001 ; 104 : 1598) a confirmé que les taux d'ARN messager de l'IL-18 sont significativement deux fois plus élevés chez des patients porteurs du phénotype "asymptomatique" que chez des patients porteurs de "plaque symptomatique".
Inversement, l'IL-10 circulante, cytokine anti-inflammatoire endogène sécrétée par les lymphocytes de type 1 et 2, récemment étudiée chez l'homme (Smith et al., Circulation 2001 ; 104 : 746-749) apparaît significativement abaissée chez des patients présentant un angor instable par rapport à ceux qui présentent un angor stable.
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