Les critères préliminaires de classification du syndrome des antiphospholipides

Publié le 10/01/2002
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REFERENCE


Critères cliniques

1. Thrombose vasculaire :
Un ou plusieurs épisodes cliniques de thrombose artérielle, veineuse, ou des petits vaisseaux, dans n'importe quel tissu ou organe. La thrombose doit être confirmée par imagerie du Doppler ou histologie, à l'exception des thromboses veineuses superficielles. Pour la confirmation histopathologique, la thrombose devrait être présente sans évidence significative d'inflammation de la paroi vasculaire.
2. Morbidité obstétricale :
a) une ou plusieurs morts inexpliquées de foetus morphologiquement normaux à/ou au-delà de la dixième semaine de gestation, avec une morphologie foetale normale par échographie ou par examen direct du fœtus, ou :
b) une ou plusieurs naissances prématurées d'un nouveau-né morphologiquement normal à/ou au-delà de la 34e semaine de gestation en raison d'une prééclampsie sévère, d'une éclampsie ou d'une insuffisance placentaire sévère, ou :
c) trois ou plus avortements spontanés inexpliqués consécutifs avant la 10e semaine de gestation, après exclusion d'anomalies hormonales ou anatomiques maternelles et des causes chromosomiques paternelles et maternelles.
Dans les études de populations de patients qui ont plus d'un type de morbidité obstétricale, les investigateurs sont fortement encouragés à stratifier les groupes de sujets selon a), b), c) ci-dessus.

Critères biologiques

1. Anticorps anticardiolipine IgG et/ou IgM sériques, présents à titre moyen ou élevé, à au moins deux occasions, espacées d'au moins six semaines, mesurés par une technique ELISA standardisée de détection des anticorps anticardiolipine dépendants de la b2-GPI.
2. Anticoagulant lupique présent dans le plasma, à au moins deux occasions espacées d'au moins six semaines, détectées selon les recommandations de l'International Society on Thrombosis Anticoagulants/Phospholipid-Dependent Antibodies, avec les étapes suivantes :
a) coagulation phospholipide-dépendante prolongée démontrée par un test de dépistage, tel que : temps de céphaline activée, temps de kaolin, temps de venin de vipère Russell dilué, temps de thromboplastine diluée, temps de textarine ;
b) absence de correction de l'allongement du temps de coagulation dans le test de dépistage par mélange avec un plasma normal pauvre en plaquettes ;
c) diminution ou correction de l'allongement du temps de coagulation dans le test de dépistage par l'addition d'un excès de phospholipides ;
d) exclusion des autres coagulopathies, par exemple la présence d'un inhibiteur du facteur VIII ou d'héparine.

* Critères selon Wilson et coll. 1999.

Porteurs asymptomatiques d'antiphospholipides : les antipaludéens de synthèse

Le risque thrombotique lié à la présence d'anticorps antiphospholipides amène souvent la prescription de manière systématique d'aspirine à faibles doses en prévention primaire des accidents thrombotiques, surtout au cours du lupus systémique. Malgré cela, à dix ans, près de la moitié des patients vont faire une thrombose artérielle ou veineuse.
Shriky et coll. ont réalisé une étude pilote à partir de 75 patients avec antiphospholipides sans antécédent thrombotique (groupe 1) et 87 patients répondant aux critères de Sapporo de SAPL (groupe 2). En analyse multivariée, l'utilisation d'aspirine ne prévient pas la survenue des accidents thrombotiques. En revanche, l'utilisation d'hydroxychloroquine est fortement associée à l'absence d'événement thrombotique dans la même analyse multivariée (p < 0,001). L'utilisation de l'hydroxychloroquine apparaît aussi associée de manière indépendante aux formes plus limitées de thrombose artérielle (p = 0,02). En outre, 63 % du groupe 1 sans antécédent de thrombose étaient sous hydroxychloroquine au moment de l'entrée dans l'étude contre 11,5 % du groupe 2 au moment du premier événement thrombotique (p = 0,00001). D'autres variables étaient associées de manière indépendante aux thromboses, notamment la prise de corticoïde et l'existence d'un diabète (p < 0,007 et p = 0,02 respectivement).
L'hydroxychloroquine semble plus efficace que l'aspirine en prévention primaire des thromboses chez des patients porteurs d'anticorps antiphospholipides asymptomatiques.

San Francisco. Congrès de l'American College of Rheumatology. Shriky R. C. et coll. « Arthritis Rheum », 2001 ; 44 (suppl) : S266.

Pr Eric HACHULLA CHRU de Lille Pr E. H.

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7042