«JE SUIS un homme qui a beaucoup souffert de l’esprit et, à ce titre, j’ai le droit de parler», disait Antonin Artaud en 1924. Et de s’exprimer, il ne se priva jamais, lui qui s’était autoproclamé le «désespéré qui vous parle». Pas plus que de créer. Poète surréaliste et marginal aux mots sublimement rageurs, auteur de textes théoriques et de manifestes sur le cinéma et le théâtre (« le Théâtre et son double », 1938), scénariste (le sulfureux et «scandaleux» « la Coquille et le clergyman », réalisé par Germaine Dulac), acteur (il joua dans le magistral « Napoléon », d’Abel Gance, ou dans « la Passion de Jeanne d’Arc », de Dreyer), fondateur avec Roger Vitrac du « Théâtre d’Alfred Jarry » dans les années 1920, précurseur du théâtre de l’absurde, producteur d’une émission radiophonique, dessinateur, Antonin Artaud réunit tous les arts sous le sceau de son génie personnel.
L’exposition est un parcours-promenade comme les commissaires et scénographes les affectionnent tant aujourd’hui, chaotique et labyrinthique, à l’image de l’art d’Artaud. Elle s’ouvre sur une série d’autoportraits exacerbés et douloureux de l’artiste et tente d’expliquer ses troubles psychiatriques, ses névroses, son instabilité, ses internements en asiles, son enfermement sur soi, ses accès de folie, son itinéraire existentiel. Elle invite ensuite les spectateurs à la projection d’extraits de films auxquels Artaud collabora, elle renvoie aux sources de ses oeuvres théâtrales (notamment « le Théâtre et son double »), et au rapport de l’artiste à la peinture et au dessin (sont exposés ses écrits sur l’art, une soixantaine de ses oeuvres graphiques, des toiles de peintres qui ont marqué sa pensée – Balthus, André Masson…).
L’art d’Artaud est un cri. Son écriture un combat. L’exposition rend un formidable hommage à la richesse de cette oeuvre et de cette vie, marquée, comme le dit Philippe Sollers, par «sa lutte pour faire renaître un corps dans la pensée».
Bibliothèque nationale de France – Site François-Mitterrand, Pari 13e. Tlj sauf lundi, de 10 h à 19 h (dimanche de 13 h à 19 h). Entrée : 7 euros (TR 5 euros). Jusqu’au 4 février .
A lire, chez Gallimard : le catalogue (224 p., 39 euros, coédition Gallimard/BNF), le « Découvertes Gallimard » (par Evelyne Grossman, 128 p., 13,10 euros) et le « Cahier. Ivry 1948 » (96 p., 39 euros).
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