LA CRAMPE est un symptôme banal, le plus souvent sans signification pathologique. Cependant, les crampes peuvent révéler une affection neuro-musculaire grave ou une souffrance de la fibre musculaire, en particulier lorsqu'elles sont diffuses et associées à d'autres signes. C'est pourquoi ce symptôme nécessite une stratégie diagnostique rigoureuse, essentiellement fondée sur la clinique et quelques examens complémentaires simples.
La crampe est une contracture douloureuse affectant un muscle en entier ou en partie et durant quelques secondes à quelques minutes. Généralement, le phénomène est sous-tendu par des décharges répétitives de potentiels d'unités motrices (PUM) à hautes fréquences, visibles à l'électromyogramme.
Les crampes localisées et isolées, les plus fréquentes, ne sont pas pathologiques. Elles intéressent surtout le mollet et cèdent à l'étirement musculaire.
Elles surviennent souvent la nuit et peuvent être déclenchées par des événements divers tels que la grossesse, la fatigue, l'activité sportive (en particulier la natation), la déshydratation avec perte de sel, le froid ou encore des positions imposant un raccourcissement musculaire. Certaines substances toxiques comme les organophosphates ou le venin de serpents et d'insectes, les anticholinestérasiques utilisés dans le traitement des myasthénies, les médicaments modifiant l'équilibre des ions sodium et potassium (comme les laxatifs, les diurétiques ou les corticoïdes) et les dialyses rénales peuvent également déclencher des crampes.
Si aucune de ces situations ne peut expliquer les crampes d'un patient, il faut rechercher une affection endocrinienne, en premier lieu une hypothyroïdie. L'insuffisance surrénalienne, l'hypercortiscisme et l'hypoparathyroïdie induisant une hypocalcémie peuvent aussi être associés à la survenue de crampes.
Les crampes localisées sont en outre très fréquentes en cas de pathologies radiculaires ou plexiques et dans certaines polynévrites (carentielles ou diabétiques).
Les formes les plus préoccupantes sont les crampes diffuses s'associant à un déficit, à une atrophie, à des fasciculations, à une atteinte bulbaire et à tous les symptômes évolutifs. En l'absence de troubles sensitifs, il faut alors évoquer les maladies du motoneurone, en particulier la sclérose latérale amyotrophique.
Un tableau de déficit progressif avec atrophie, fasciculations et crampes est également retrouvé dans le syndrome de Kennedy (maladie motoneuronale d'origine génétique liée à une mutation du gène d'un récepteur aux androgènes) et dans les amyotrophies spinales liées à une délétion homozygote du gène SMN.
Le syndrome postpolio, survenant de nombreuses années après une poliomyélite aiguë, ainsi qu'un syndrome correspondant à une hyperexcitabilité de l'axone moteur sont deux autres situations où les crampes peuvent être associées à une dysfonction motoneuronale.
Si les crampes surviennent électivement à l'effort et s'intègrent dans une réelle intolérance à l'effort, le diagnostic doit s'orienter vers une myopathie métabolique.
La crampe est un symptôme fréquent dans certaines glycogénoses musculaires, notamment dans la maladie de McArdle (déficit en phosphorylase). L'élévation permanente des CPK, l'absence d'élévation de l'acide lactique lors d'une épreuve d'effort et l'accumulation de glycogène dans le muscle caractérisent cette affection autosomique récessive. Elle peut être confondue avec une dystrophie pseudométabolique causée par la dysfonction d'une autre protéine, le plus souvent membranaire.
Certaines myopathies avec agrégats tubulaires se manifestent également par des crampes induites par l'exercice. Cependant, dans ces pathologies, le test d'effort est normal et le diagnostic sera posé par analyse d'une biopsie musculaire.
Le syndrome de Brody et le syndrome des loges chroniques sont deux pathologies rares pouvant entraîner des crampes à l'effort.
D'après la communication de B. Eymard aux Entretiens de Bichat, le 10 septembre 2007.
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