« Aussi bien en libéral après la grève des médecins libéraux qu'en hospitalier avec l'application des directives européennes, la permanence de soins est bien le principal enjeu de l'avenir immédiat du système de santé », constate le Dr Rachel Bocher, qui a axé sur de ce thème, le colloque annuel du syndicat qu'elle préside , l'intersyndical national des praticiens hospitaliers (INPH).
« Il faut développer les filières et les réseaux, les coopérations publiques-privées, poursuit la psychiatre . Il est clair que l'hôpital ne peut pas tout faire, il ne peut plus être le seul élément de référence. Il faut aider la médecine de ville à assurer la permanence des soins. » Le directeur de l'hospitalisation et de l'organisation des soins, Edouard Couty, s'est montré optimiste en ce qui concerne la permanence des soins à l'hôpital : « Les discussions sur le projet d'arrêté concernant les gardes et les astreintes sont sur le point d'aboutir. J'espère aussi des réponses de la part des deux missions ministérielles qui doivent rendre leur rapport dans dix jours. »
La place de la future Agence régionale de santé
Guy Collet, de la Fédération hospitalière de France (FHF), ne voit quant à lui que deux systèmes possibles : « Celui qu'on connaît, qui n'est pas terrible, et celui ou l'hôpital doit assurer la permanence des soins. Les libéraux travaillent de 8 h à 20 h puis ferment le rideau. Dans ce cas, les moyens consacrés à la permanence des soins doivent glisser vers l'hôpital. »
Cette position n'est pas celle que défend la FHF, précise Guy Collet. Il lui préfère un système qui concerne l'ensemble des acteurs et où la permanence des soins est « l'affaire de l'Etat, un droit pour les malades et un devoir pour les médecins ». Mais ce système pose un problème de coordination, relève Guy Collet. Car qui est concerné ? A la fois l'ARH, le Conseil de l'Ordre, le préfet, l'URML et l'URCAM. « Et si on mettait un seul pilote dans l'avion, l'ARS (Agence régionale de santé) ? », suggère-t-il.
« L'ARS n'est pas la réponse à tout, tempère le sénateur Charles Descours. La constitution précise que c'est l'Etat qui est responsable des soins, et non l'ARS. C'est le ministre de la Santé qui doit être responsable de la mise en place de la permanence des soins. »
Cette remarque n'empêche pas le Dr Rachel Bocher d'imaginer divers scénarios pour aider l'hôpital, en pleine crise démographique (30 % seulement des spécialistes exercent à l'hôpital alors que le quota de généralistes/spécialistes et de 50/50, rappelle-t-elle). « Plutôt que de parler de cloisonnement du système, ne peut-on pas envisager une mixité des acteurs qui permettrait par exemple aux libéraux de consacrer 10 à 20 % de leur temps à l'hôpital ? De même, les hospitaliers pourraient travailler dans les maisons médicales. »
Cette proposition, la présidente de l'INPH compte bien la renouveler lors de l'entretien qu'elle doit prochainement avoir avec Charles Descours dans le cadre de sa nouvelle mission sur la permanence des soins.
Reste à voir s'il décidera de s'en inspirer.
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