L’ASSOCIATION Sauvons la recherche (SLR) est l’instance restante du collectif né il y a deux ans et dissout en mars dernier. A l’approche de son université d’automne, deuxième édition, qui se tiendra dans le Gers du 27 septembre au 1er octobre, elle a souhaité réagir aux dernières actions gouvernementales. «Le gouvernement semble vouloir accélérer ses réformes, constate Bernard Monthubert, président de l’association, qui enseigne les mathématiques à l’université Paul-Sabatier de Toulouse. Le décret sur le Haut Conseil pour la science et la technologie est apparu assez soudainement et, malheureusement, il confirme nos craintes quant à l’utilisation désastreuse de la loi.»
La loi de programmation de la recherche, adoptée par les députés en avril dernier avec des mois de retard, instaure en effet le Haut Conseil, organisme consultatif auprès du président de la République.
«Il nous est confirmé que l’intégralité des membres sera nommée par le pouvoir politique. L’ordre du jour sera imposé par le chef de l’Etat. Nous sommes donc à peu près certains que les dossiers délicats ne seront pas abordés, avec le risque que cette instance soit totalement pilotée par l’Etat et soit un simulacre de représentativité de la communauté scientifique. Nous avons déjà eu l’expérience de ce type de conseil qui ne sert finalement que de faire-valoir politique, notamment avec Claude Allègre [ministre de l’Education nationale, de la Recherche et de la Technologie du gouvernement Lionel Jospin de juin 1997 à mars 2000, ndlr]. Bref, c’est tout ce que nous ne souhaitons pas.»
Le décret sur l’ANR, l’Agence nationale de la recherche, toujours en préparation, suscite la même inquiétude dans les rangs de Sauvons la recherche. «Le plus frappant, estime Francis-André Wollman, membre de l’association et directeur de recherche au Cnrs (Centre national de la recherche scientifique), c’est l’ambiguïté sur sa nature intrinsèque. Sera-t-elle opérateur ou agence? Son conseil d’administration reste entièrement gouverné par le ministère. Et il y a de fortes chances pour qu’elle devienne, pour le ministère, un “outil pour verser de l’argent” alors que les dépenses devraient être transparentes.»
«Il semble qu’il y ait glissement sémantique entre recherche et innovation», ajoute Bertrand Monthubert.
Brouillage des pistes.
«On assiste à un brouillage des pistes sur le financement, dénonce encore Henri Audier, autre membre de SLR. Il est par exemple impossible de savoir combien de CDD a créés l’ANR alors que Gilles Bloch, son directeur, avait annoncé 2500 demandes en 2005.»«On nous a présenté les 537millions d’euros d’augmentation de la Mires (mission recherche et enseignement supérieur) comme mirobolants, peste encore Bertrand Monthubert. Or on est passé d’un périmètre –le Bcrd (budget civil de recherche et de développement) et le Bces (budget coordonné de l’enseignement supérieur) séparés– à l’autre –la Mires–, de façon radicale. C’est tout à fait normal, vu que la Mires englobe l’enveloppe de l’enseignement supérieur. Une chose est sûre, cependant, c’est que l’essentiel des chercheurs n’ont pas vu la moindre différence dans leurs budgets. Alors il faut démystifier les chiffres, il faut voir que c’est à l’échelle d’un service public extrêmement conséquent.»
En organisant la deuxième édition de leur université d’automne, les membres de Sauvons la recherche entendent «réoccuper l’espace politique dans l’optique de l’élection présidentielle, pour que la recherche ne repasse pas au second plan», explique le président. Cinq candidats potentiels ont déjà confirmé leur présence : François Bayrou, Marie-George Buffet, Laurent Fabius, Ségolène Royal et Dominique Strauss-Kahn.
Informations sur : recherche-en-danger.apinc.org.
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