DE NOTRE CORRESPONDANTE
LE GROUPE d’étude et de recherche en dermato-allergologie (Gerda) a tenu son 27e congrès annuel. La manifestation qui a eu lieu pour la première fois à Toulouse a rassemblé 550 médecins, dermatologues, allergologues, pédiatres et médecins du travail. Objectif de ces deux journées de cours : faire le point sur les dernières études et recommandations scientifiques et permettre aux médecins de recueillir des informations directement applicables dans leurs pratiques quotidiennes à l’hôpital ou en cabinet. «C’est un cours d’actualisation des connaissances», résume le Dr Françoise Giordano-Labadie, membre du Gerda, dermatologue-allergologue à l’hôpital Purpan et organisatrice scientifique du congrès.
La première journée a été entièrement consacrée à la dermato-pédiatrie. Une étude réalisée sur 284 enfants suivis au service dermatologie de l’hôpital Purpan a été présentée. «Ces enfants étaient tous suivis pour une forme bénigne ou sévère d’eczéma atopique. Après test, plus de 40% d’entre eux souffraient également d’une allergie de contact», explique le Dr Giordano-Labadie. L’allergie la plus fréquemment détectée est l’allergie aux métaux, en particulier au nickel (5,9 %), suivie par l’allergie aux parfums et à la lanoline (4,3 %), puis aux émollients (2,3 %). «La connaissance de ces allergies doit nous faire mettre en place une prévention primaire, sous forme de recommandations simples: appliquer des crèmes sans parfum, éviter les perçages d’oreilles, utiliser des gammes de produits atopiques pour laver et hydrater son enfant», dit la spécialiste.
Au CHU de Toulouse, le service de dermatologie est actuellement en pourparlers avec les laboratoires pharmaceutiques pour mettre en place une action d’éducation thérapeutique sur le modèle de ce qui se fait au CHU de Nantes. «Des négociations sont en cours car le CHU manque de moyens pour mener seul ce genre d’actions. Nous espérons pouvoir démarrer dans les prochains mois», explique le Dr Giordano-Labadie. Les actions d’éducation thérapeutique nécessitent des moyens lourds, impliquant des recrutements et une infrastructure matérielle et humaine. La première consultation pluridisciplinaire, par exemple, mobilise un dermatologue, un infirmier et un psychologue pendant 1 h 30. C’est un temps d’écoute sur le vécu de la maladie qui débouche sur un diagnostic de prise en charge entièrement personnalisé.
Un point faible.
Autre temps fort du congrès : l’intervention du Pr Jean-Pierre Lepoittevin, directeur du laboratoire de dermatologie à l’université Louis-Pasteur de Strasbourg et membre de la commission de cosmétologie de l’Afssaps (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé), à propos de la toxicité des cosmétiques. Première mise au point : «Contrairement à ce que beaucoup imaginent, la cosmétique est extrêmement réglementée. On n’est pas au stade du médicament, mais l’on s’en rapproche, indique le spécialiste. C’est loin d’être le cas pour tous les produits, ainsi les produits de bricolage ne subissent aucun contrôle.»
Le Pr Lepoittevin a passé en revue les différents produits mis en cause récemment par certains médias et des organisations non gouvernementales pour le risque cancérigène qu’ils pourraient présenter : les parabens, le formaldéhyde, les hydroxydes d’aluminium, les éthers de glycol et le PPD. Seul point faible du système à l’heure actuelle : lorsqu’une molécule n’est ni interdite ni réglementée, elle est autorisée pendant une période transitoire. C’est le cas actuellement pour les molécules de coloration capillaire en cours de réévaluation. «Cent quinze dossiers de sécurité ont été soumis, vingt-deuxmolécules sans dossier ont été interdites. Seules seront autorisées les molécules faisant preuve de leur innocuité.» En ce qui concerne les parabens, l’expert a rappelé «qu’ils figuraient sur la liste des colorants autorisés et que les données épidémiologiques actuelles ne permettaient ni de caractériser ni de quantifier le risque cancérigène». Il a toutefois ajouté que «désormais, les différents parabens seraient classés individuellement afin d’obtenir des données plus claires». Quant au formaldéhyde, classé cancérigène chez l’homme depuis juin 2004 par le Circ (Centre international de recherche sur le cancer), le Pr Lepoittevin a rappelé que «cette molécule était cancérigène uniquement par inhalation et que le risque majeur qu’il présentait dans les produits cosmétiques était la sensibilisation de contact». Même conclusion concernant les hydroxydes d’aluminium : «A ce jour et malgré une expertise approfondie de l’ensemble des données, aucun lien n’a pu être mis en évidence entre aluminium et cancer.»
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