Les Corevih sont sans équivalent dans le domaine de la santé publique. Comités de coordination régionale de lutte contre l’infection due au VIH, ils ont pour mission de favoriser la coordination des professionnels du soin, de l’expertise clinique et thérapeutique, du dépistage. Mais aussi de la prévention et de l’éducation pour la santé, de la recherche clinique et épidémiologique. En outre de l’action sociale et médico-sociale et des associations des malades et des usagers du système de santé.
Comment « rechercher la poche des non-détectés », comme le relevait l’ARS ?
La stratégie des Corevih se superpose aux objectifs de la loi HPST repris par le « projet de loi relatif à la santé » actuellement en discussion parlementaire : prévention comme socle de la politique de santé, promotion du parcours du patient, meilleure coopération entre professionnels dans le cadre d’un service territorial de santé publique, renforcement de la démocratie sanitaire.
Le projet de loi 2015 relatif à la santé : un paradigme informel
Appuyé par la loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), le projet de loi de santé décline un objectif de prévention en focalisant le dépistage du VIH sur deux additifs au code de la santé publique. D’une part, complément au L. 6211-3 CSP sur « les conditions dans lesquelles le dépistage de maladies infectieuses transmissibles peut être réalisé au moyen d’un test rapide d’orientation diagnostique, effectué par un professionnel de santé ou par du personnel relevant de structures de prévention ou associatives… »
D’autre part, par un nouvel article L. 3121-2-2 CSP : «… les dispositifs médicaux de diagnostic in vitro, destinés à réaliser des autotests de détection de maladies infectieuses transmissibles (…), peuvent être délivrés par : … Les établissements de santé et les organismes habilités… Les organismes de prévention sanitaire habilités… à réaliser des tests rapides d’orientation diagnostique détectant l’infection à virus de l’immunodéficience humaine (VIH 1 et 2)… Les centres de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie, les centres d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogue, les appartements de coordination thérapeutique… »
Au plan réglementaire, la ministre de la Santé vient d’annoncer le report à juillet 2015 de la commercialisation en pharmacie d’un autotest de dépistage individuel et non remboursable.
L’examen à mi-parcours par L. Geffroy de l’ambitieux cinquième programme national de lutte contre le sida (PNLS 2010-2014), révèle une mise en œuvre inégale, peu traçable, « fournissant une impression étonnante au plan local » selon le Pr Reynes. Ce programme marque un piétinement du dépistage de la population générale et de l’éducation sanitaire. Et se relie aux maux de la prévention en France : baisse des financements, mises en œuvre partielles, organisation structurelle non directive (« qui décide ? », relevait le Pr Reynes), évaluations lacunaires, faibles coordinations ministérielles, synergies marginales d’acteurs, désengagement des professionnels libéraux, inadaptation de l’actuel statut des centres de santé.
La santé sexuelle: des comportements, un environnement
Deux expériences, l’une genevoise, l’autre parisienne (Centre santé sexuelle 190) ont permis de distinguer l’interdépendance des comportements et d’un environnement particuliers.
Après trente ans d’épidémie, les personnes homosexuelles continuent de prendre des risques délibérés tant individuellement que collectivement. Les comportements de sexualité « de loisir » (Dr Ohayon), consuméristes, inhibés par les thérapeutiques, par le sentiment de commodité donné par les réseaux sociaux et par les rassemblements de tourisme sexuel, sont ancrés, tout comme le « plus rien à perdre » et la banalisation du risque et de la maladie.
Ces comportements difficiles à modifier impliquent une action sur l’environnement, sur le « réseau sexuel » de la minorité homosexuelle (2 % de la population générale). Mais celle-ci est loin d’être une communauté homogène (17 % sont séropositifs, 30 % sont en couple). Reste à privilégier les dépistages communautaires par tests rapides d'orientation diagnostique ou Trod « en échec » (Dr Ohayon), la lutte contre la dépression, les groupes de parole dans ce type de « contexte social » (Dr Favier, MFPF).
Or les enjeux ne changent guère : 30 % des malades restent aujourd’hui découverts au stade sida ou à celui de sévère immunodépression.
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