Face au mouvement de mécontentement des médecins généralistes qui semble devoir jouer les prolongations, le gouvernement tente, tant bien que mal, de maintenir le dialogue avec les représentants de la profession.
Une deuxième réunion technique consacrée à l'amélioration de leurs conditions d'exercice doit se tenir aujourd'hui avec la direction de l'Hospitalisation et de l'Organisation des soins (DHOS). Elle doit poursuivre la discussion entamée la semaine dernière sur l'organisation et la rémunération des astreintes et les aides à l'installation dans les zones dépourvues de médecins.
Mais l'exercice est de plus en plus délicat pour les pouvoirs publics qui doivent désormais faire face à un mouvement protéiforme et de plus en plus divisé. La Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) et sa branche généraliste, l'UNOF, qui sont avec le Syndicat des médecins libéraux (SML) à l'origine de la grève des gardes, ont décidé, comme la fois précédente, de participer à cette réunion, mais toujours en tant que « simple observateur », commente le Dr Michel Chassang, président de l'UNOF.
Les positions restent donc les mêmes : à savoir que toute discussion est inutile si l'on ne commence pas par « accorder des honoraires décents aux médecins généralistes », à savoir la consultation à 20 euros et la visite à 30 euros. « Il s'agit, une fois encore, pour le gouvernement de gagner du temps et de botter en touche », déplorait, la semaine dernière, le Dr Claude Maffioli, président de la CSMF.
Déterminés à poursuivre le mouvement tant qu'elles n'obtiendront pas satisfaction, ces organisations préparent la manifestation nationale du 10 mars qui doit se dérouler à Paris.
Une manifestation à laquelle la Coordination nationale des médecins généralistes a apporté son soutien. Cette dernière, qui s'est réunie ce week-end à l'hôpital Cochin à Paris, paraît de plus en plus organisée. Selon l'un de ses porte-parole, le Dr Jean-Paul Hamon, elle représenterait quelque 5 000 médecins et a élu au cours de cette réunion 52 représentants régionaux et 5 porte-parole. Seulement 22 départements n'avaient pas, selon lui, envoyé de représentants, mais seraient en train de constituer à leur tour des coordinations. Au cours de cette réunion, la Coordination a adopté une plate-forme de revendications demandant en premier lieu la dénonciation de l'accord du 24 janvier signé par MG-France avec les caisses d'assurance-maladie ainsi que la consultation à 20 euros.
L'inquiétude des syndicats
L'importance prise par les coordinations, considérées au début d'un œil bienveillant, ne laisse pas d'inquiéter les syndicats traditionnels. A commencer par l'UNOF qui, dans sa dernière lettre interne, appelle ses cadres locaux à la plus grande prudence. Elle met en avant les liens étroits entre certains membres de la coordination et MG-France, souligne que beaucoup d'entre eux défendent le principe d'une convention spécifique à la médecine générale et limitent leurs revendications sur la question de la liberté tarifaire, toutes thèses attribuées à MG-France. « Toutes ces coïncidences sont troublantes et contrastent singulièrement avec la bonne foi et l'honnêteté des coordinations locales et départementales qui sont certainement loin de se douter d'une telle manipulation », écrit le syndicat.
Les soi-disant accointances des coordinations avec MG-France ne sont cependant pas si évidentes puisqu'elles demandent désormais la dénonciation de l'accord du 24 janvier et, ce faisant, embarrassent également le syndicat du Dr Pierre Costes qui doit faire face à une contestation interne et se trouve donc dans une situation délicate.
Des gages
C'est pourquoi il cherche à obtenir, et le plus rapidement possible, des gages concrets du gouvernement et des caisses sur les mesures restant en suspens dans l'accord. Il espère parvenir au cours de la réunion d'aujourd'hui à un « bouclage des modalités » et assure que « l'astreinte sera éligible à la rémunération à partir du 1er mars ». Il souligne par ailleurs que si « la négociation financière est bouclée pour 2002, c'est complètement ouvert pour 2003 et 2004 ».
Le président de MG-France devra en effet apporter des résultats tangibles à son assemblée générale prévue le 10 mars et qui s'annonce une fois de plus houleuse. Le leader de la contestation interne, le Dr Philippe Sopéna, ancien vice-président de MG-France, a fait circuler un texte sur Internet contestant vivement la direction actuelle du syndicat. Baptisé « un champ de ruines et comment s'en sortir », il l'accuse d'avoir une attitude suicidaire par « obstination » et de nuire à la crédibilité du syndicat en s'accrochant à l'accord du 24 janvier. « Aujourd'hui, il n'y a plus photo et avec la poursuite du mouvement, l'UNOF apparaît médiatiquement comme "le" syndicat des généralistes, MG-France ne jouant plus que les utilités », explique le Dr Sopéna. Il regrette que le syndicat ait « perdu le contact avec toute une génération qui vient de découvrir l'action syndicale ». Restaurer la crédibilité du syndicat passe donc, selon lui, « par un changement visible de ligne et donc par un changement d'équipe et de tête ».
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