Santé publique
PLUSIEURS TENTATIVES de mesure des coûts de l'arthrose ont été menées en France. Le rapport Coart, notamment, a comparé les résultats d'une étude récente à ceux d'un travail mené il y a une dizaine d'années. L'objectif était de mettre en évidence l'évolution des coûts de l'arthrose pendant cette période. Force est de constater qu'en dix ans, les dépenses ont beaucoup augmenté. En 1993, l'estimation des coûts directs médicaux de l'arthrose était d'environ 1 milliard d'euros. En 2003, elle était de 1,6 milliard d'euros ; ce chiffre semble même un peu sous-estimé, certains postes ne figurant plus dans l'étude pour des raisons techniques. Cette différence correspond à une augmentation de 60 % en dix ans !
D'après les données épidémiologiques, l'un des principaux changements constaté est le nombre de patients. En effet, le nombre de patients symptomatiques s'est accru de plus de 53 % et le nombre de consultations pour arthrose a augmenté de manière parallèle.
Une augmentation des prescriptions.
En ce qui concerne les traitements, une évolution assez radicale de la prise en charge pharmacologique de l'arthrose a été constatée, avec une augmentation d'environ 30 % des prescriptions, augmentation qui s'explique par le remplacement de traitements peu onéreux par des traitements plus coûteux. Plus important, le coût unitaire des prescriptions a été multiplié par quatre, en raison de l'arrivée de nouveaux médicaments comme les coxibs et l'acide hyaluronique. Enfin, le poste « hospitalisation » n'a pas augmenté de manière radicale.
La croissance du coût par patient et par an a été estimée à 3 % en moyenne sur dix ans.
De nombreux facteurs convergents.
Ces chiffres suggèrent la manière dont se passe la croissance des dépenses de santé.
Ainsi, il apparaît qu'un certain nombre de facteurs sont convergents. Le vieillissement de la population entraîne un accroissement de la prévalence de la pathologie arthrosique. Les facteurs de risque augmentent, notamment les problèmes d'obésité, entraînant une fréquence accrue de la pathologie. Il y a également une augmentation de 40 % des coûts hospitaliers, du fait d'une meilleure prise en charge de la pathologie, notamment chirurgicale. La « banalisation » de l'intervention pour prothèse de hanche ayant permis à de nouveaux patients d'en bénéficier. Mais l'augmentation du nombre de patients n'est pas liée exclusivement au vieillissement de la population ! En effet, on dépiste et on traite aujourd'hui des situations que l'on ne dépistait pas et que l'on ne traitait pas il y a dix ans, les techniques étant plus efficaces. En outre, de nouveaux traitements sont apparus.
Le cas de l'arthrose montre bien comment tous ces facteurs interagissent : des modifications démographiques, des progrès techniques qui entraînent une demande accrue de traitements et, par conséquent, une augmentation des coûts. Il est difficile de séparer les facteurs, chacun d'entre eux influant sur l'autre. En revanche, il n'a pas été mis en évidence de dérive ou de gaspillage.
Une croissance des dépenses de 3 % par an et par patient apparaît donc relativement modérée. Cependant, répercutée sur un grand nombre de sujets, elle peut avoir un effet relativement important.
D'après un entretien avec le Pr Claude Le 0, économiste de la santé, université Paris-Dauphine.
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