De notre correspondant à Strasbourg
En septembre 1995, la première conférence régionale de santé de France était organisée « expérimentalement » à Strasbourg, avant que le modèle ne se décline, chaque année, dans toutes les régions. La dernière conférence alsacienne s'est tenue le 22 janvier à Bischwiller, dans le nord du Bas-Rhin, et quelques régions fermeront définitivement la marche en février et les conférences régionales de santé vont laisser la place à des conseils régionaux de santé.
Il s'agira de structures permanentes où siègeront professionnels de santé, usagers et élus. Les conseils régionaux, dont les secrétariats seront vraisemblablement confiés aux DRASS, reprendront et élargiront les missions des conférences, pourront s'autosaisir des thèmes de leur choix et organiseront des débats publics. Ils devraient être officiellement institués d'ici au 22 février, dans le cadre de la nouvelle loi sur les droits des patients. Ils poursuivront ainsi l'exercice de démocratie sanitaire commencé avec les conférences régionales, exercice qui a constitué, au-delà de leurs recommandations, l'une de leurs spécificités les plus intéressantes.
Le dépistage du cancer développé
En Alsace, résume Jean-Claude Westermann, directeur régional des Affaires sanitaires et sociales, le cancer, la lutte contre l'alcoolisme, le SIDA et l'exclusion ont dominé les six conférences régionales organisées depuis 1995. Si la prévention primaire du cancer n'a pu être aussi développée que l'auraient souhaité ces conférences, la prévention secondaire et les dépistages ont été, eux, stimulés par leurs recommandations. L'Alsace, déjà très performante en matière de dépistage des cancers du sein et du col, grâce aux associations ADEMAS et EVE, a bénéficié d'un plan régional contre le cancer, et le SROS (schéma régional d'organisation sanitaire) a tenu compte des souhaits des conférences en matière de cancérologie. Par ailleurs, le Haut-Rhin devrait être prochainement nommé site pilote en matière de dépistage colo-rectal. Le plan régional contre l'alcool sera inclus dans un futur plan concernant l'ensemble des addictions.
Le plan régional d'accès et de permanence des soins (PRAPS) a permis de lancer de nombreuses actions de terrain et de créer des structures adaptées, dont quatre permanences d'accès aux soins de santé (PASS). En revanche, admet M. Westermann, les recommandations concernant la santé des jeunes et le suicide ainsi que la nutrition n'ont guère dépassé le stade des débats, sans déboucher sur des actions concrètes.
Décloisonner les pratiques
Quant à la dernière conférence régionale de santé d'Alsace, réunie à Bischwiller, elle a plaidé pour une poursuite du « décloisonnement des structures de santé » et rappelé l'intérêt pour le patient d'avoir un « interlocuteur référent », qui joue un rôle de fil conducteur à la fois thérapeutique et social face à la multiplicité des interventions. « Evitons toutefois de créer des structures de décloisonnement pour décloisonner », a souligné la présidente du jury régional, Bernadette Wahl, en rappelant que le décloisonnement est souvent plus une affaire de changement de mentalités et de bonne volonté que de moyens. Une meilleure reconnaissance du rôle de tous les professionnels de santé, y compris par eux-mêmes, mais aussi une meilleure formation de tous les intervenants, pourrait contribuer à cet objectif, qui vise à « simplifier et non pas alourdir ». Enfin, revenant sur le cancer, la conférence s'est félicitée des processus régionaux mis en place, en plaidant pour leur poursuite et pour une information accrue du public sur ce dossier.
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