DANS LE CADRE de la loi relative au développement des territoires ruraux, de plus en plus de collectivités locales mettent en place des indemnités de formation. Le conseil général de l’Indre va proposer dès la rentrée 2006 une bourse mensuelle de 600 euros pendant trois ans à cinq internes de médecine générale. En contrepartie, les bénéficiaires s’engagent à s’installer pour une durée minimale de 5 ans dans une zone déficitaire de l’Indre, définie par la Direction régionale des affaires sanitaires et sociales (Drass). S’ils ne terminent pas leurs études ou ne remplissent pas leur contrat en exerçant cinq ans dans l’Indre, les candidats seront contraints de rembourser la totalité de la bourse qui leur aura été versée. S’appuyant sur les mêmes modalités, le conseil général de l’Allier a créé une «bourse d’études et de projet professionnel» pour les étudiants de troisième cycle de médecine générale, dont le montant sera progressif, de 700 euros par mois en première année, 1 000 euros par mois en deuxième année et 1 500 euros en troisième année. Le bénéficiaire devra en retour s’installer pendant au moins six ans dans une zone «déficitaire en offre de soins». Le lieu exact d’implantation sera choisi par l’étudiant, une fois son diplôme obtenu, en concertation avec les élus locaux. «Les élus sont conscients qu’il s’agit d’une variable fondamentale pour maintenir les populations, notamment d’actifs, et a fortiori pour en attirer de nouvelles, indique-t-on au conseil général de l’Allier . Ils n’ont pas attendu les conclusions de la mission prospective Défi2015 pour amorcer cette politique transversale liée à l’aménagement du territoire et à son attractivité.»
Des précédents.
Dès 2005, le conseil régional de Picardie avait alloué une bourse mensuelle de 400 euros aux internes en contrepartie de leur engagement à servir dans un hôpital de la région pendant une durée équivalente à l’issue de leur formation (« le Quotidien » du 19 octobre 2005). Le conseil général de la Manche lui a emboîté le pas en ouvrant une aide financière mensuelle de 300 euros aux étudiants de la 2e à la 4e année et de 1 000 euros pour ceux de 5e et 6e année en contrepartie de leur engagement à exercer dans une zone déficitaire du département pendant dix ans (« le Quotidien » du 24 novembre 2005).
Le système des bourses permettra-t-il de résoudre le manque d’attractivité des zones rurales ou entraînera-t-il le mercenariat de certains étudiants ? «Ces bourses me paraissent être un piège car l’étudiant ne sait pas toujours ce qu’il veut faire avant la fin de ses études, explique Laurent Dissard, porte-parole de l’Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (Isnar-Img). Le frein à l’installation en zone rurale n’est pas financier.On peut offrir un millier d’euros supplémentaire par mois à un médecin; s’il n’y a pas un système intéressant de permanence des soins, d’école à proximité pour ses enfants ou de débouchés professionnels pour sa femme, ce médecin n’aura pas envie de s’installer dans une zone déficitaire.»
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