PLUS QU’UN BAROMÈTRE de leur santé visuelle, c’est un état des lieux des comportements et des attitudes des Français à l’égard de leur vue que livre l’Asnav (Association nationale pour l’amélioration de la vue) pour la deuxième année consécutive. En 2005, le premier baromètre avait montré que si les yeux étaient le deuxième sujet de préoccupation des Français, derrière le cancer et à égalité avec les maladies cardio-vasculaires, les idées fausses étaient encore largement répandues. D’où l’idée d’un baromètre annuel pour évaluer l’évolution des connaissances et des comportements en la matière, ainsi que l’impact des campagnes d’information et de prévention. Huit cents personnes ont été interrogées, du 30 mars au 10 avril, sur leurs connaissances des défauts visuels, leurs pratiques et leurs habitudes de prévention et leurs attitudes face au risque solaire*.
Les femmes prennent l’avantage.
Un premier constat : les femmes, en 2006, comprennent mieux les enjeux de la santé visuelle. Elles creusent l’écart avec la population masculine. Elles ont une plus grande connaissance des défauts visuels (10 points de différence avec les hommes), elles définissent et reconnaissent mieux la fatigue visuelle. «Une évolution positive dont nous tenons à souligner l’importance, explique Bertrand Roy, président de l’Asnav ; cela va permettre aux femmes de prendre enfin dans ce domaine le rôle qu’elles ont de manière traditionnelle dans les autres secteurs de la santé: celui de pilier de la santé de la famille.»
Génération Internet : prise de conscience.
Autre évolution, positive et logique dans une société où l’on passe de plus en plus de temps devant un écran d’ordinateur : la fatigue visuelle connaît une progression forte tant en termes de notoriété que de préoccupation : 65 % des personnes interrogées savent ce que l’on entend par fatigue visuelle contre 57 % l’an dernier, dont une plus forte progression chez les 15-34 ans (+ 11 points) et 45 % déclarent en souffrir contre 37 % en 2005, avec une différence notable entre hommes et femmes (+ 12 points chez les femmes, + 5 points chez les hommes). Ce qui est encourageant, remarque Bertrand Roy, c’est que les changements s’opèrent au coeur de la population cible. Ce sont les 15-34 ans qui prennent conscience du phénomène, eux qui évoluent le plus.
De même, le contrôle de la vue est en hausse et, là encore, facteur encourageant, l’augmentation est le fait des non-porteurs de lunettes : le contrôle au cours de la dernière année a progressé de 12 points chez les non-porteurs contre 2 points chez les porteurs. Il s’agit bien d’une démarche volontaire de prévention qui démontre l’émergence d’un nouveau comportement, conclut l’Asnav.
Santé visuelle = vision sans défaut.
Malgré ces changements d’attitude, pour les Français, la santé visuelle, c’est avoir une bonne vue... et c’est presque tout ! La santé visuelle reste une notion abstraite évoquée spontanément en termes généraux. Ils ne sont qu’un tiers, ce sont principalement les porteurs de lunettes ou de lentilles, à évoquer le bénéfice d’une bonne santé visuelle et donc l’importance de la prévention et de l’entretien de la vue. Ils ne sont qu’un tiers à évoquer les maladies des yeux. La notion de santé visuelle est une appellation encore méconnue.
Une notion abstraite, liée aux défauts visuels pourtant assez mal compris : 62 % se disent capables d’expliquer la myopie ; ils ne sont plus qu’un sur deux à pouvoir définir le strabisme ; une infime minorité sait ce qu’est être astigmate ou parle de défaut de la vision de près pour la presbytie. Seulement 25 % des personnes interrogées savent ce qu’est un glaucome, maladie qui touche pourtant 1 million et demi de personnes.
Les enfants : fin de l’injustice ?
Si l’on en croit les résultats chiffrés de l’étude, les enfants sont, en 2006, protégés du soleil de la même manière que les adultes. Le port des lunettes de soleil connaît, en effet, une forte progression chez les enfants : 66 % des parents déclarent imposer le port systématique de lunettes de soleil à leurs enfants à la plage, soit 11 % de plus que l’an passé, 36 % l’imposent en cas de luminosité ambiante gênante, soit 12 % de plus que l’an passé.
Les résultats de l’enquête sont issus de réponses purement déclaratives et l’on peut s’interroger sur la réalité de la forte progression des bonnes pratiques face au risque solaire, reconnaît Bertrand Roy. Alors, est-ce la fin d’une injustice qui consistait à protéger les yeux des adultes en laissant ceux des enfants s’abîmer, ou déclaration de bonnes intentions ? Car, entre l’achat de jolies lunettes chez l’opticien avant le départ et la course sur la plage pour les remettre, dix fois par jour, sur le bout du nez des enfants, il y a un monde, dont les études ne mesurent pas l’étendue.
En revanche, côté adultes, les comportements demeurent inchangés. L’esthétique est toujours le premier critère dans le choix d’une paire de lunettes de soleil (pour 53 % des personnes interrogées), l’indice de protection n’arrive qu’en deuxième position (41 %). La norme CE, qui garantit l’indice de protection, est très peu connue des Français. Il ne sont que 9 % à l’utiliser comme critère de choix.
Dernier constat, le recul des idées fausses : 66 % des Français, par exemple, ne confondent plus verres foncés et protection maximale.
* Etude réalisée par Opinionway pour l’Asnav.
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