Neurologue réputé, directeur de la clinique universitaire de Graz, la deuxième ville d'Autriche, le Pr Helmut Lechner jouit d'un autre titre de notoriété plus inconfortable : il est en effet, depuis plus de vingt ans, l'un des médecins attitrés de la famille d'Oussama ben Laden. Dans une interview publiée par l'hebdomadaire d'informations générales autrichien « Profil », il parle de cette clientèle un peu particulière.
« Je ne connais pas personnellement le responsable présumé des attentats de New York, précise d'emblée le médecin, mais sa famille me fait confiance depuis vingt ans et vient spécialement d'Arabie saoudite me consulter. » Souvent, poursuit-il, « je me contente de les orienter en fonction de leurs affections vers d'autres médecins, même si j'ai spécifiquement suivi certains d'entre eux, le secret médical m'interdisant d'en dire plus ».
Entré en contact avec la famille Ben Laden après avoir longtemps exercé aux Etats-Unis et séjourné en Arabie saoudite, le médecin a été choisi par la famille en raison de sa renommée scientifique, car, explique-t-il, « les riches Saoudiens s'entourent de médecins qui ont beaucoup publié et qui leur inspirent confiance ». Au fil des années, il a noué des relations amicales avec certains des six cents membres de la famille, qui prennent l'avion spécialement pour venir le voir et auxquels il fait ensuite souvent découvrir les montagnes et les paysages verdoyants de l'Autriche. « Parce que, chez eux, il n'y en pas de pareils et qu'il ne pleut jamais », ajoute-t-il, en précisant que, si ses visiteurs « aiment le pays, ils n'en apprécient guère la cuisine ».
Renié depuis longtemps par les siens, le plus tristement célèbre membre de la famille Ben Laden est aussi un tabou dans les conversations entre le médecin et ses patients : « Nous n'en avons jamais parlé », précise le Pr Lechner, qui rejette par ailleurs les affirmations d'un quotidien local qui prétend qu'un des frères de l'homme désormais le plus recherché de la planète vit actuellement à Graz. « La famille vient aussi en Autriche pour se mettre au calme, poursuit le médecin, et entend conserver sa tranquillité. » Le grand hôtel où elle descend ayant d'ailleurs récemment levé dans la presse le secret entourant le séjour des membres de la famille dans ses murs, elle vient de décider de s'installer ailleurs, explique le médecin qui, visiblement, ne tient pas, lui, à voir ces fidèles patients lui tourner le dos.
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