Contrairement aux idées reçues, les complications chroniques du diabète ne sont pas l’apanage de l’adulte et peuvent s’observer, à des stades débutants, dès l’adolescence voir dès l’enfance. La rétinopathie diabétique notamment semble pouvoir survenir de façon assez précoce. Une étude de l’AJD (association des jeunes diabétiques) rapportée par le Pr Pascal Barat (Hôpital des Enfants - CHU Bordeaux) lors du congrès, retrouve 4,6 % de rétinopathies chez des enfants diabétiques depuis 4,8 ans en moyenne et ayant une HbA1c moyenne de 8,5 %. Si ce chiffre témoigne d’une nette amélioration de la situation par rapport aux années 1980 (ou environ 20 % des adolescents diabétiques avaient déjà une atteinte rétinienne débutante), il doit aussi inciter à rechercher activement cette complication.
Les dernières recommandations de l’International Society for Pediatric and Adolescent Diabetes (ISPAD) préconisent d’ailleurs de dépister la rétinopathie diabétique de façon annuelle, dès l’âge de 11 ans en cas de diabète évoluant depuis plus de 2 ans, ou dès 9 ans si l’enfant à plus de 5 ans de diabète derrière lui. Chez l’enfant la rétinographie semble plus contributive que le fond d’œil.
Pour la néphropathie diabétique, dans une étude de cohorte, après 6 ans de diabète, une faible élévation de l’excrétion urinaire d’albumine (supérieure à 7,5 µg/min) a été détectée chez 5 % des enfants de moins de 11 ans et 5 % des enfants pré-pubères. L’ispad recommande donc le dépistage de la microalbuminurie là encore dès 9 à 11 ans selon l’ancienneté du diabète.
Pour la neuropathie diabétique, le dépistage repose avant tout sur la clinique sans cadre spécifique. Enfin, pour les complications macro-vasculaires, l’accent est mis sur le dépistage des facteurs de risque associés (hypertension artérielle, dyslipidémie, indice de masse corporelle élevé, sédentarité voire tabagisme pour les plus âgés) qui doivent être recherchés dès 12 ans.
Dans tous les cas « une attention particulière doit être portée aux enfants pubères » souligne le Pr Barat car on sait que pour la même durée du diabète, l’âge et la puberté augmentent le risque de complications.
Encore trop d’acidocétoses inaugurales
Concernant les complications aiguës, « on observe encore un nombre trop élevé d’acidocétoses inaugurales » regrette le Pr Barat puisque « globalement en France, le diagnostic de diabète est fait à ce stade chez environ 40 à 50 % des enfants ». Dans ce contexte l’AJD organise depuis 2010 des campagnes de sensibilisation visant à mieux faire connaître les 3 signes cardinaux du diabète chez l’enfant (amaigrissement, polyuro polydipsie). En présence de cette triade caractéristique, le diagnostic doit être évoqué d’emblée et confirmé par une glycémie ou une bandelette urinaire. Y compris chez les tout-petits. Car « les enfants diabétiques sont de plus en plus jeunes souligne le Pr Barat et aujourd’hui le diabète de type 1 peut toucher des enfants de 2 ans ».
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