« Le gouvernement applique sa politique libérale partout à tort, car dans le domaine de la santé, le principe de mise en concurrence n'a pas de sens .» Le secrétaire départemental du PCF-Paris, Gérard Mazet, donne le ton.
Le plan d'économie pluriannuel de l'AP-HP, que sa directrice générale, Rose-Marie Van Lerberghe, a été chargée de mettre en uvre par Jean-François Mattei, n'est pas du tout du goût des communistes. Pour eux, l'AP-HP, « quasiment en cessation de paiement », souffre d'un manque de moyens « qui conduit à toutes les dérives » : gel des postes, report des travaux et des soins non urgents, fermeture de lits et manque de personnel... Réduire les dépenses de 60 millions d'euros par an pendant quatre années est « inacceptable » aux yeux de Francis Parny, vice-président du conseil régional d'Ile-de-France et secrétaire du comité régional du PCF, qui n'hésite pas à placer le débat sur un terrain philosophique : « C'est une question de société. On ne peut tolérer, par exemple, de refuser des médicaments onéreux aux personnes âgées. La santé et l'hôpital ne souffrent pas d'un excès de dépenses mais d'un manque de recettes .»
Gérard Mazet craint les conséquences pour les 90 000 salariés de l'AP-HP. « Plusieurs milliers d'emplois seront vraisemblablement supprimés », anticipe-t-il. Pourtant, la directrice générale de l'AP-HP répète à l'envi qu'il n'y aura aucun licenciement. Mais dans un document interne à l'AP-HP, que « le Quotidien » s'est procuré, Rose-Marie Van Lerberghe écrit noir sur blanc aux directeurs d'hôpital que « des réductions d'effectifs sont à envisager ». Avant d'ajouter : « Mais personne ne sera laissé sur le bord du chemin, car, à l'AP, près de 4 500 personnes s'en vont de leur propre chef chaque année (effet retraite, postes en province, etc.). Ce mouvement naturel nous permettra de réaliser les ajustements nécessaires tout en continuant à recruter. » Quatre mille cinq cents personnes en moins chaque année, c'est énorme, réagit Alain Lhostis, adjoint communiste au maire de Paris chargé de la santé et président suppléant du conseil d'administration de l'AP-HP. « D'un côté, la directrice générale demande à l'AP-HP d'accroître son activité, et de l'autre, les effectifs vont baisser, ce n'est pas tenable. » Accroître l'activité, dans quel but ? Pour augmenter les recettes, car, d'après les calculs de la direction, la tarification à l'activité (T2A), si son application commençait aujourd'hui, représenterait un manque à gagner de 400 millions d'euros pour l'AP-HP. Pour autant, Alain Lhostis ne place aucun espoir dans la réforme du financement des hôpitaux : « On passe à la T2A dans une enveloppe contrainte, l'AP-HP ne pourra pas dépenser plus qu'aujourd'hui. »
Un peu plus haut dans sa lettre, Rose-Marie Van Lerberghe précise que « des services en sous-activité pourront fusionner avec d'autres services ou être supprimés ». Alain Lhostis est très inquiet pour la population. « Réorganiser, d'accord. Mais à condition que ce soit pour améliorer la qualité des soins, et non pour faire des économies. C'est ça, le vrai enjeu. »
Les communistes de Paris ne veulent pas s'en tenir au rôle de contestataires. « Nous proposons aussi des pistes pour financer autrement l'AP-HP », dit Francis Parny. Par exemple, la suppression de la taxe sur les salaires permettrait de financer, dès cette année, 50 000 emplois sur tout le territoire, estime Gérard Mazet, qui réclame aussi la disparition de la TVA pour les hôpitaux. A ces demandes s'ajoutent celles qui visent à « développer le service public » : suppression du plan Hôpital 2007, mise en place d'un plan d'urgence pour l'embauche et la formation de toutes les professions hospitalières, numerus clausus porté à 9 000, développement des structures de proximité tels que les services d'urgence et de gériatrie...
Alain Lhostis a été mandaté par Bertrand Delanoë pour voter contre le plan d'économie lors du prochain CA de l'AP-HP, le 28 novembre. « Mais je sais que le vote final sera sans doute positif, dit-il. La CME, par exemple, a déjà rendu un avis favorable. Pourtant, les médecins me prennent par la manche quand je visite leur service : ils ont compris le danger que ce plan représente pour leur exercice. Tout le monde va être touché par les économies demandées. »
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