JAZZ/ROCK
Le label allemand Delta Music en collaboration avec Europe 1 propose, dans la collection « Paris Jazz Concert », de découvrir ou de redécouvrir - avec, en prime, des titres inédits - plusieurs géants du jazz moderne, lors d'enregistrements effectués dans certaines salles de la capitale (L'Olympia, Pleyel, Théâtre des Champs-Elysées, TNP, etc.) entre 1957 et 1988.
Présentés sous la forme de deux CD, ces dix-huit coffrets regorgent de trésors et, surtout, permettent de réécouter ces pointures à des moments clés de leur carrière. Ainsi, Miles Davis, à L'Olympia le 20 mars 1960, avec, à ses côtés, un jeune homme en colère - le saxophoniste-ténor John Coltrane -, dont les interventions avant-gardistes sont sifflées par une partie du public d'alors (!), le batteur Art Blakey, à la tête de ses Jazz Messengers - avec, notamment, Wayne Shorter (saxophones) et Lee Morgan (trompette) -, pour deux concerts (L'Olympia, 13 mai 1961), le pianiste Oscar Peterson en trio (entre 1960 et 1965) ou encore Thelonious Monk et son quartette (1965), Gerry Mulligan et son big band de la West Coast (1960), Dizzy Gillespie (1960 et 1965) et Cannonball Adderley (1960, 1961 et 1965).
Parmi les jazzmen plus classiques figurent aussi les deux grands orchestres de Duke Ellington (1965) et de Count Basie (1960, 1962 et 1972), de Lionel Hampton en moyenne formation swing (1971) ou de Stéphane Grappelli et ses amis violonistes - Svend Asmussen, Didier Lockwood - (1983 et 1988). Autant de témoignages d'une musique qui, capturée en direct, révèle toute sa splendeur, sa vitalité et sa puissance.
Le jazz et ses musiciens américains ont toujours aimé Paris, de 1918 à nos jours, comme le montre cette autre collection,
« Americans Swinging in Paris » (EMI),qui retrace l'histoire d'amour passionnée du jazz américain avec la capitale, ses clubs enfumés, ses salles de spectacle, et aussi les jazzmen français, dont certains ont fait leurs premières armes au contact des légendes d'outre-Atlantique.
Vingt volumes digipack relatant plusieurs décennies de création (de 1936 à 1984) et permettant de redécouvrir à la fois des stars - Lionel Hampton, le Golden Gate Quartet, Memphis Slim, Benny Carter ou Earl Hines -, mais également des musiciens devenus cultes avec le temps. Ainsi le batteur Kenny Clarke, pionnier du be-bop, les saxophonistes James Moody, Lucky Thomson, Phil Woods, Don Byas - dont on ne dira jamais assez l'importance de sa contribution au jazz - ou le merveilleux Zoot Sims, le trompettiste Bill Coleman, les trombonistes Dicky Wells et Slide Hampton, et un clarinettiste très décrié pour sa faiblesse instrumentale, Mezz Mezzrow. L'autre aspect important est de retrouver certains jazzmen français qui acompagnaient ces étoiles, comme Henri Renaud, pianiste récemment disparu, Guy Lafitte (saxo), Claude Bolling, Django Reinhardt, Maxime Saury ou Dany Doriz (vibraphone).
Parue en l'an 2000, la collection
« Jazz in Paris » (Universal Jazz)- qui dépasse les cent références - réunit des enregistrements historiques puisés dans des catalogues français, dont la plupart ont aujourd'hui disparus et sont devenus des « collectors », comme Blue Star, Véga ou Fontana.
Parmi les dix-neuf dernières rééditions (à prix canon), il faut s'intéresser au poète de la guitare Henri Crolla (« Quand refleuriront les lilas blancs ? », 1955), à un autre virtuose de la six-cordes, Elek Bacsik (« Nuages », 1962), au saxophoniste-flûtiste Bobby Jaspar (« Jeux de quartes », 1958), sans oublier Dizzy Gillespie (1952 et 1953), Max Roach (1960), ainsi qu'un volume particulièrement passionnant sur le « Jazz sous l'Occupation », dans lequel on retrouve André Eykian, Eddie Barclay, Hubert Rostaing ou Aimé Barelli et des adaptations en français de standards américains comme « les Bigoudis » (Lady Be Good) ou « Agathe a du rythme » (I Got Rhythm), pour déjouer la censure d'alors.
Enfin, « last but not least », la collection
« Jazz Reference » (Dreyfus Jazz/Sony Music)- qui s'est vendue à plus de 500 000 exemplaires en Europe -, réalisée par le producteur indépendant Francis Dreyfus, vient de s'enrichir de six nouvelles références. Présentées en version luxe digipack et avec une qualité sonore exceptionnelle, ces compilations intelligentes permettent, dans leur dernière livraison, de retrouver trois chanteuses mythiques - l'éternelle Ella Fitzgerald, l'incomparable Billie Holiday et l'élégante Dinah Washington -, deux pianistes - le crooner-séducteur Nat King Cole et le virtuose Thelonious Monk -, ainsi qu'une légende du jazz français, Django Reinhardt.
La série des connaisseurs
Supervisée par le producteur Michael Cuscuna, « Connaisseur CD Series » plonge dans les archives du célèbre label américain « Blue Note » (distr. EMI), créé en 1939 par Alfred Lion à New York, qui sera associé par la suite à Francis Wolff, pour réaliser des rééditions de disques vinyle pour certains devenus introuvables depuis longtemps.
La dernière livraison comprend ainsi plusieurs pièces inédites en CD, permettant de retrouver de grands noms du jazz d'antan et des jazzmen plus confidentiels. Ainsi le pianiste Freddie Redd (né en 1928), dans « Redd's Blues », enregistré en 1961. On retrouve ce disciple du be-bop en compagnie notamment de Paul Chambers (basse) et de Jackie Mclean et Tina Brooks (saxes) sur des compositions originales. Ainsi aussi Tina Brooks (1932-1974), très inspiré à ses débuts par Lester Young, et qui revit dans « The Waiting Game », gravé en 1961 avec une magnifique rythmique conduite par Kenny Drew (piano - Wilbur Ware, basse ; Philly Joe Jones, batterie).
Mais il faut aussi se laisser séduire par un des grands messieurs du saxe-ténor, Hank Mobley (1930-1986) en sextette dans « Thinkig of Home » (1970), par le duo Donald Byrd (né en 1932)/Doug Watkins (1934-1962), respectivement trompette et basse, qui, entourés notamment d'Hank Mobley, Art Blakey ou Horace Silver, ont enregistré ce bel opus, « The Transition Sessions » (1955/56). Et retrouver le pianiste Chick Corea sur « The Complete +Is+ Sessions » (1969) avec Dave Holland (basse) ou Jack DeJohnette (batterie), et des souffleurs détonants : Woody Shaw (trompette), Hubert Laws (flûte) et Bennie Maupin (saxes). Sans oublier Jackie McLean sur « Jacknife » (1965), dans lequel le saxophoniste-alto reconnaît une forte inspiration stylistique et musicale empruntée au John Coltrane d'alors, accompagné par Charles Tollliver et Lee Morgan (trompette) ou Jack DeJohnette.
D. P.
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