APRÈS DEUX MOIS de rumeurs et de suspense, Blackstone a finalement renoncé dans le courant de l'été à céder les 45 cliniques françaises Vitalia. Le fonds d'investissement américain reste donc l'unique actionnaire du deuxième groupe hospitalier privé hexagonal.
Tombée en juillet, l'information a été accueillie avec un certain soulagement par le secteur. Les cliniques craignaient l'émergence d'un très grand groupe si Capio ou Générale de santé – ces deux noms ont circulé – avait repris Vitalia.
Le président de Vitalia, Christian Le Dorze, refuse de parler d'occasion manquée : «Les offres reçues ne correspondaient pas aux attentes de Blackstone. Vitalia continue donc sa vie avec un actionnaire inchangé.» Il se raconte que 1 milliard d'euros aurait été proposé. «On a eu de meilleures offres, mais pas au niveau escompté», élude Christian Le Dorze. La suite ? «On va relancer nos projets de développement et les neuf acquisitions suspendues», expose le président de Vitalia.
L'effet « subprimes ».
Avec le recul, comment expliquer cette transaction inaboutie ? Pour un patron d'établissement, l'effet subprimes a joué. «Aujourd'hui, trouver un financement pour une acquisition ou une rénovation est plus compliqué qu'il y a 18mois, expose cet observateur. La concentration du secteur s'est ralentie.» Vitalia devrait y voir une chance, poursuit le dirigeant : «Ce groupe s'est développé très vite, en deux ans. Peut-être va-t-il maintenant se chercher une âme, en remplaçant les objectifs financiers par un projet médical.» C'est, à l'en croire, l'image de toute l'hospitalisation privée qui y gagnerait.
Dans un tel contexte de tourmente bancaire et de ralentissement des ventes de cliniques – le mouvement est également observé en Europe de l'Est –, Gérard Larcher aurait-il eu tort de craindre l'émergence de monopoles hospitaliers privés ? «Non, il a eu raison de se poser la question, estime le patron de clinique interrogé par “le Quotidien”. Les concentrations vont continuer malgré tout dans les cinq prochaines années, à la fois entre le privé, et entre le public et le privé.»
Le sénateur Larcher, dans son rapport remis à la ministre de la Santé, recommandait de prendre des dispositions pour éviter qu'une zone entière du territoire français se trouve subitement privée d'offre de soins hospitaliers en cas de mise en vente de cliniques. Roselyne Bachelot n'a pas retenu l'idée. À ce stade de son élaboration, l'avant-projet de loi Patients, santé et territoires n'aborde pas la question.
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