L’INTERSYNDICAT NATIONAL des internes des hôpitaux (ISNIH) organise aujourd’hui son 2e congrès national à Paris. Le syndicat connaît la valeur des jeunes médecins. C’est au Palais Brongniart, siège historique de la Bourse, que se réuniront quelque 500 internes et chefs de clinique de toute la France. Objectif : diffuser le maximum d’informations sur les modes d’exercice, le lieu d’installation et les démarches administratives à accomplir, la pratique…
Les 27 000 internes en formation sont l’objet de toutes les convoitises. Une quinzaine de partenaires sont associés au congrès de l’ISNIH : des établissements publics (FHF) ou privés (FHP, FEHAP), des groupes de cliniques (Générale de Santé, Vitalia, Courlancy, Vedici), des mutuelles (Groupe Pasteur Mutualité, Mutuelle du médecin), une assurance (La Médicale), un laboratoire (Sanofi), le conseil général du Nord… « Les internes sont plus sollicités que par le passé, reconnaît Jean-Christophe Faivre, président de l’ISNIH. La situation démographique l’explique. Cette période est intéressante en terme d’opportunités professionnelles. Nous ne serons pas obligés de racheter une clientèle et nous aurons beaucoup de débouchés à l’hôpital ou en clinique ».
Dédiaboliser le privé.
Ce 2e congrès se tient à un moment charnière pour la formation médicale en France.
Les premiers stages seront ouverts en novembre dans des cliniques en application de la loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST). Selon la Fédération de l’hospitalisation privée (FHP), 30 à 40 postes seront proposés aux internes. « Cette disposition est une brèche, pas une porte grande ouverte », commente Jean-Loup Durousset, président de la FHP. Davantage de stages devraient être agréés en mai 2012. Très ambitieuse, la FHP souhaiterait accueillir un interne dans chacun des 1 200 établissements privés... Mais la mise en place de ces terrains de formation est parfois compliquée. Elle avance rapidement en Languedoc-Roussillon mais peine en Ile-de-France. « Le dialogue est très difficile avec certains doyens », commente Jean-Loup Durousset selon qui il est nécessaire de « dédiaboliser le privé ».« Quand on accueille un interne, ce n’est pas forcément pour piquer un salarié ! »
Les cliniques se préparent depuis plusieurs années à former des internes. La Générale de Santé en accueillera une dizaine dans quelques jours. « Ces agréments sont une reconnaissance de la qualité de notre formation », commente le Dr Jean-Marc Coursier, de la direction des relations médicales à la Générale de Santé. Signe de son intérêt, le groupe financera ces internes à la place des établissements pour un montant de « plusieurs centaines de milliers d’euros par an ». « Ces premiers stages ont été autorisés dans des cliniques privées quand ils ne pouvaient être réalisés dans un établissement public ou PSPH », explique le Pr Patrice Deteix, président de la Conférence des doyens. Ils concernent des compétences particulières comme la chirurgie de la main ou l’anesthésie locorégionale. Le Pr Deteix souhaite que des stages puissent également se dérouler dans des cabinets de ville comme cela est envisagé en pédiatrie.
En dehors de leur intérêt pour la formation, les cliniques sont à l’affût des jeunes médecins. Le groupe Vitalia tente de les attirer sur un site Internet dédié - www.professionmedecin.fr - véritable portail de recrutement. Depuis juin 2010, Vitalia a lancé un contrat d’engagement de service privé (CESP). En l’échange de l’engagement à exercer dans un des 48 établissements du groupe à l’issue de son cursus, l’interne reçoit 1 500 euros par mois pendant sa dernière année de formation et une assistance juridique. Vingt internes ont signé un CESP. « Ce contrat nous aide à recruter et à prendre contact avec des jeunes qui se renseignent sur leur avenir », commente Sylvie Charlet. La directrice des affaires médicales de Vitalia passe ses journées à démarcher les jeunes praticiens sur Internet, dans des congrès ou des manifestations étudiantes subventionnées par son groupe. « Je sédimente, j’essaie de me faire connaître le plus possible pour que les gens m’appellent quand ils veulent s’installer, poursuit-elle. J’aide les candidats dans leurs démarches, pour trouver un emploi à leur conjoint(e), une maison… »
La riposte de la FHF.
La Fédération hospitalière de France (FHF) porte un regard très critique sur les premiers stages dans le privé. « Le ver est dans le fruit, indique Cédric Lussiez, son directeur de la communication. L’ouverture de ces stages aurait dû être subsidiaire et être menée après une évaluation des besoins ».
Confrontés à la concurrencedu privé, la FHF riposte avec les grands moyens. Elle lancera dans quelques jours une campagne nationale pour sensibiliser les jeunes médecins aux avantages de l’hôpital public. Un magazine spécifique, « A chacun ses raisons », a été édité. Des médecins hospitaliers y exposent les raisons de leurs choix : la pratique médicale, la recherche, les perspectives de carrière ou la défense de valeurs. Des vidéos de jeunes praticiens hospitaliers en exercice seront également mises en ligne sur le site de la FHF, Facebook et Youtube. « Nous travaillons depuis deux ans sur la manière de rendre les établissements publics plus attractifs », commente Cédric Lussiez.
Pour les beaux yeux des internes, public et privé rivalisent... d’hospitalité.
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