DEPUIS 1999, des études d'observation ont montré que la prescription conjointe d'aciclovir chez des sujets coïnfectés par le VIH et un VHH ( virus de l'herpès humain) en particulier HSV 2 ( virus de l'herpès humain de type 2) permet de réduire la charge virale sans modifier le traitement antirétroviral. Restait à préciser le mécanisme de cette action antirétrovirale particulière. L'aciclovir agit sur les VHH par le biais d'une cible unique que l'on ne retrouve pas sur le VIH. La molécule, intégrée dans les VHH, est activée en inhibiteur de l'VHH ADN polymérase exclusivement par des VHH kinases et, de ce fait, elle n'est dotée d'aucune autre activité virulicide.
Multiplication du VIH diminuée.
Pour mieux comprendre les phénomènes mis en jeu, l'équipe du Dr Andrea Lisco (National Institute of Heath) a mis en contact différents types de cultures de cellules (infectées par du VIH avec ou sans VHH conjointement) avec de l'aciclovir. Si, comme on pouvait s'y attendre, les cultures infectées par le VIH exclusivement ne sont pas sensibles à la molécule testée, dès lors que les cellules étaient infectées par un VHH les capacités de multiplication du VIH étaient diminuées. Pour les auteurs, «la suppression de la multiplication du VIH par l'aciclovir n'est possible qu'après une étape de phosphorylation de la molécule par le biais des VHH kinases». Les études sur cultures cellulaires ont permis de prouver que la prodrogue de l'aciclovir monophosphorylé est transformée par les VHH kinases en inhibiteur de la transcriptase inverse actif sur la multiplication du VIH. Ainsi activée, la molécule inhibe l'enzyme qui permet l'allongement de l'ADN.
Pour les auteurs, «l'aciclovir est utilisé depuis près de trente ans dans ses différentes formes galéniques et avec un profil pharmacologique particulièrement favorable. Dans la mesure où le nombre de personnes coïnfectées par au moins un des virus de la famille des VHH –et en particulier VHH6, l'un des plus fréquents–, ajouter au traitement antirétroviral de l'aciclovir pourrait permettre d'en majorer l'activité chez une grande majorité des patients».
« Cell Host and Microbe » 4 ; 260-280, 11 septembre 2008.
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