Le Haut Comité des célébrations nationales (qui dépend du ministère de la Culture) avait inscrit le cinquantenaire de l'ASD (accouchement sans douleur) au programme des festivités de l'année 2002. Cela sonnait alors comme une évidence pour la maternité des Bluets de célébrer l'événement. C'est en effet le chef de service de cet établissement, le Dr Fernand Lamaze, qui, en 1952, jetait les nouvelles bases de l'accouchement psychoprophylactique, dit sans douleur.
En 1950, Lamaze étudiait un rapport du professeur russe Nikolaiev sur la doctrine du physiologiste Pavlov, elle-même fondée sur la découverte de l'intervention du système nerveux supérieur dans les grandes fonctions de l'organisme. Le professeur Nikolaiev démontrait dans ce rapport qu'une femme ayant suivi une éducation psychique pouvait accoucher sans souffrances. L'année suivante, le médecin français assistait au cours d'une mission médicale, à un accouchement naturel sans douleur, événement courant en URSS à l'époque. C'est en 1952 que les femmes enceintes bénéficiaient en France de cette nouvelle approche de l'accouchement.
Décalage entre hier et aujourd'hui
La maternité des Bluets expose donc aujourd'hui et demain une soixantaine de tableaux. La moitié sont des archives de l'établissement, textes et photos en noir et blanc. L'autre moitié est composée d'une série de dessins réalisés par Bruno Sari. « C'est un mariage intéressant entre une œuvre assez provocante, par ses couleurs, par son thème même, qui est assez dérangeant, et une ligne directrice, celle des Métallurgistes, qui est plutôt militante. Mais ce sont davantage les dessins de Bruno Sari qui font glisser le regard du spectateur vers les autres œuvres », explique Maria Martinez, chargée de communication des Bluets.
L'artiste s'est installé au quatrième étage de la maternité, là où sa femme a accouché de leurs deux enfants, en 1993 puis en 1998. Assis par terre, dans un coin de la salle d'échographies libre ce jour-là, il s'est imprégné de l'atmosphère du lieu.
Ce n'était pas la première fois que l'artiste se soumettait à ce genre d'expérience. Il avait déjà réuni dans une précédente exposition intitulée « Passé remarqué », un travail réalisé au sein de son ancienne école maternelle. « Je me rends dans des endroits importants de ma vie. Je m'y installe et subis l'influence de cet endroit où j'ai vécu des choses fortes », raconte Bruno Sari.
Cette fois, en une journée, il a lui-même « accouché » d'une quarantaine de dessins, dont 28 sont exposés dans « Naissances ».
« Je laisse aller mon pinceau de façon très libre, et les choses viennent, comme ça, par capillarité presque », poursuit le peintre.
Depuis un an, la Maison des métallurgistes est devenue « la Maison des métallos », avec son acquisition par la mairie du 11e arrondissement de Paris. « C'était important pour nous de célébrer cet anniversaire dans ce lieu historique », confie Maria Martinez. Une partie de ces murs est d'ailleurs classée parmi les monuments historiques. Double raison pour aller y faire un tour ce soir, à partir de 18 h. Attention, l'expo est éphémère, elle ne reste dans les lieux que jusqu'à demain minuit.
Du vendredi 21 juin à 18 h jusqu'à samedi 22 juin minuit, Maison des métallurgistes, 94, rue Jean-Pierre Timbaud 75011 Paris, « Naissances », aux éditions Avenir Bluets, 10 euros.
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