Information du patient

Les CHU mettent un pied dans le PAF

Publié le 21/06/2005
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C'EST D'UNE ONDE nord-sud qu'est né le grand mouvement vers la démocratie cathodique qui se répand dans le monde hospitalier français. Econome sur les moyens de communication, l'hôpital est peu présent sur le terrain de l'information santé, laissant aux médias le difficile exercice de la vulgarisation. Mais la France, on le sait, est un pays de rebelles, et nombreux pensent au contraire que les professionnels du soin ont un rôle plus actif à jouer aux côtés de leurs patients. L'hôpital est un lieu légitime, la télévision, un outil magique : l'idée d'investir les écrans des chambres s'impose.
Sous l'impulsion de Guy Vallet, Marseille dote son CHU d'une équipe, avec réalisateur audiovisuel, studio, reporters... De son côté, Nancy invente le low-cost du transport télévisuel, en déployant HTV sur ses sites. HTV : la nouvelle chaîne santé a tout d'une grande, sauf le prix. Sa technologie permet de créer en quelques clics de souris une grille de programmes, sélectionnés dans une bibliothèque de contenus, et de la diffuser via Internet sur l'un ou l'autre des réseaux TV internes des hôpitaux.
Une innovation qui donne à de petites structures les moyens de réaliser à la carte leur propre chaîne santé, sans personnel supplémentaire et pour un budget ridicule. Impensable il y a encore deux ans. Loin d'être un gadget, HTV offre pour la première fois la charte du patient hospitalisé en langue des signes, remarquée par les experts de l'Anaes (Agence d'accréditation et d'évaluation en santé) lors de leur passage dans la cité ducale.
Pourtant, Marseille le producteur et Nancy le diffuseur comprennent vite que l'avenir d'une chaîne passe par une masse critique qu'ils n'ont pas. Si l'atavisme* parle à Benoît Péricard, DG du CHU de Nancy, c'est son réel souci du patient et de l'intérêt collectif qui l'aide à convaincre la conférence des directeurs généraux de CHU de créer un groupe pilote national. Il sera chargé de préciser les attentes des patients, de faire l'inventaire de l'existant, d'imaginer de nouveaux programmes, au design gai et au ton clair, qui évitent d'inquiéter et de donner des leçons, mais expliquent, montrent, recueillent les témoignages. Bref, réinventer la télé dans l'hôpital, pour les patients.
Principale exigence : mutualiser tout ce qui peut l'être, car, à l'ère du numérique, l'échange est roi. L'AP-HP, forte de son département vidéo, apportera sa précieuse expérience, Marseille, le dynamisme de sa jeune équipe, Nancy poursuivra la voie des personnages virtuels intelligents et multilingues. Paul Castel, pour Strasbourg, et la conférence des DG soutiennent la démarche, Metz, Lille, Rouen, Nantes, Orléans emboîtent le pas... « L'information crée un lien fort avec nos patients et constitue un indiscutable critère de qualité. La commission a su fédérer un groupe de pionniers et mettra à disposition du monde hospitalier une banque de données audiovisuelles évaluées par un groupe expert et un réseau de compétences pour encourager l'émulation », souligne son président.

Un enjeu de santé publique.
La synergie de toutes ces chaînes forme un réseau d'information national, actif, spécialisé, capable de relayer les campagnes d'envergure. Un vecteur de choix pour diffuser les messages santé des agences nationales et autres organismes sanitaires. Le ministère de l'Equipement ne s'y est pas trompé, qui adresse régulièrement à Nancy ses productions vidéo sur l'entretien des « cyclo », les campagnes de sécurité routière ou ses clips pour enfants.
La déshydratation des personnes âgées, les risques ménagers, les accidents de ski, les noyades en piscine privée... sont des enjeux de santé publique. Combien sont visibles sur les chaînes nationales ?
Premier rendez-vous annoncé, le colloque « TV à l'hôpital », organisé à Nancy les 13 et 14 octobre 2005. Entre place Stanislas rénovée et Temps des Lumières**, nul doute qu'on y parlera image.

* Le DG de Nancy est le neveu du journaliste TV Michel Péricard.
** Le Temps des Lumières est un ensemble de manifestations autour de l'anniversaire des 250 ans de la place Stanislas.

> Dr BERTRAND DEMANGEON

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7776