S'il se devait, cette année, de présenter au public les grands enjeux des États généraux, avec en point de mire la révision des lois de bioéthique, le Forum européen de Bioéthique a choisi aussi d’aller au-delà, pour s’interroger sur la légitimité même de ces lois et de leur élaboration.
Car s’il est en effet « très français » de légiférer sur ces sujets, relevait le Dr Véronique Fournier, cardiologue et directrice du centre d’éthique clinique de l’hôpital Cochin, les réponses présentées ici comme des vérités ne le sont pas forcément dans les autres pays. En France, tout ce qui est autorisé est financé, et le reste est interdit, à l’image notamment de la gestation pour autrui (GPA). Au Royaume-Uni, les pratiques sont très encadrées, mais le financement de la GPA et d’autres innovations est privé, c’est-à-dire laissé à la charge des couples. Seule la Belgique se montre non seulement très large en matière d’autorisation des techniques, mais parvient aussi à les réguler et à les financer pour tous. À l’inverse, les États-Unis autorisent tout, régulent peu et ne financent rien.
Des positions inconciliables ?
Si le débat sur les nouvelles techniques de procréation assistée et sur la GPA a divisé les intervenants aux différentes tables rondes, le Pr Jean-François Delfraissy, président du Comité consultatif national d’éthique (CCNE), a regretté qu’au-delà de leur autorisation ou de leur interdiction, personne ne se demande vraiment si c’est à la société de les prendre en charge ou s’il s’agit d’une question individuelle. Dans une époque où l’économie impose ses priorités, il importe selon lui de se demander si financer la PMA est plus ou moins « éthique » que de financer la santé du grand âge ou celle des migrants.
Les débats ont rappelé combien les positions sur la PMA semblent de plus en plus inconciliables : faut-il y voir, comme la professeure de science politique Camille Froidevaux-Metterie, « un outil vers l’égalité, partie prenante de l’émancipation féminine » ou, au contraire « la fin de la parité de l’engendrement et un éclatement de la maternité », comme s’en inquiète le délégué général d’Alliance Vita, Tugdual Derville ? Le Forum n’était pas là pour trancher mais pour permettre au grand public de s’informer. Dans tous les cas, a relevé le Pr Israël Nisand lors d’une dernière table ronde associant médecins et responsables politiques régionaux, les échanges avec la salle qui ont suivi les exposés ont montré que « les citoyens savent poser de bonnes questions », ce qui est de bon augure pour la poursuite des États Généraux à travers la France qui devraient permettre à tous les citoyens, et non pas seulement aux experts, de s’exprimer sur les choix financiers liés aux décisions scientifiques.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature